Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Risque majeur dans le Var
Depuis 2009, les épisodes de pluies diluviennes ont fait 40 morts dans le Var. Cette année, les feux de forêt ont fragilisé les retenues naturelles contre les coulées de boue.
Nous sommes à l’articulation des deux risques.» Dans un salon feutré de la préfecture, à Toulon, le plus haut représentant de l’État dépeint ainsi le climat de cette fin du mois de septembre. Le département du Var serait comme dans l’oeil d’un cyclone de feu et d’eau. Après « une saison [des incendies] particulièrement sévère »( lire cidessous), et alors que la sécheresse continue de rendre les forêts « inflammables », la menace d’un épisode de pluies diluviennes est à prendre très au sérieux.
De quoi parle-t-on?
Le Var fait partie des quinze départements concernés par les « épisodes méditerranéens » (ou « épisodes dits cévenols »). Ils se caractérisent par des pluies très intenses sur une période courte (quelques heures), dans un secteur très localisé (quelques centaines de km2). Météo France parle de « pluie intense » à partir d’un cumul de précipitations de 150 mm en 24 heures. Pour comparaison, sur une année dans le Var, la pluviométrie est comprise entre 600 et 750 mm.
Comment mesurer la menace dans le Var?
La probabilité de survenue d’un épisode méditerranéen est la plus forte entre le 1er septembre et le 15 décembre. Mais les catastrophes de juin 2010 en Dracénie et de janvier 2014 à La Londe ont montré que cette fourchette n’est pas exclusive. Selon Météo France, le Var est touché «au moins une fois tous les un ou deux ans ». Or, les années 2015 et 2016 ont été relativement calmes, selon la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) qui évoque « sept ou huit épisodes depuis 2009 ». En outre, les incendies de l’été peuvent aggraver les conséquences de pluies intenses (lire ci-dessous).
Quels sont les enjeux ?
Dans le Var, le bilan humain s’élève à 40 décès depuis 2009, indique David Barjon. « En terme de dégâts matériels, tous types confondus, cela représente entre deux et trois milliards d’euros. » Les inondations de 2010 pèsent pour beaucoup (27 morts, 1,5 milliard d’euros de dégâts) dans ces bilans vertigineux.
Comment faire face ?
Pour faire face, sur le long terme, le préfet Jean-Luc Videlaine insiste sur les « Programmes d’action et de prévention des inondations » (Papi). Trois sont finalisés (Préconil, Argens/Estérel et Gapeau), trois autres en cours d’élaboration (côtiers des Maures, du Golfe et côtiers toulonnais). Création d’outils de surveillance, études hydrauliques, sensibilisation, urbanisme... « Ce sont plus de 200 millions d’euros qui seront injectés dans les prochaines années», assure David Barjon. En parallèle, les Varois sont d’ores et déjà invités à adopter un code de bonne conduite (lire par ailleurs) en cas d’épisode méditerranéen.