Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’enjeu des sénatorial­es

- DENIS JEAMBAR

Session de rattrapage pour les partis de droite et de gauche emportés au printemps dernier par l’ouragan Macron ou scrutin de confirmati­on d’un mouvement profond de renouvelle­ment de notre vie politique ? Les élections sénatorial­es de demain, qui verront  candidats briguer l’un des  fauteuils de la Haute Assemblée soumis à renouvelle­ment, ont une réelle valeur de test. Certes, le système électoral en vigueur – le suffrage indirect qui ne concerne donc que des grands électeurs, les élus locaux et nationaux – tempère la significat­ion de cette consultati­on. Néanmoins, elle boucle une année exceptionn­elle. Ce vote devrait montrer si la percée de La République en marche ! (REM) touche les strates profondes de notre vie publique ou révéler la capacité de résistance du monde dit d’hier. Est-il définitive­ment périmé ou encore capable de retrouver ses esprits ?

« Ce vote devrait montrer si la percée de La République en marche ! touche les strates profondes de notre vie publique ou révéler la capacité de résistance du monde dit d’hier. »

Après la victoire par K.-O. de ses troupes aux législativ­es de juin, le chef de l’État n’a pas vraiment dissimulé qu’il espérait un grand chelem et provoquer un séisme électoral au Sénat pour y faire voler en éclats la majorité de droite. Un espoir au demeurant légitime. Mais l’été est passé par là et le doute s’est installé sur ce razde-marée espéré. La dégringola­de du Président dans les sondages a changé la donne. Jupiter n’est plus aussi dominateur et les ralliement­s à sa cause sont moins enthousias­tes. Faire allégeance est, à présent, moins prometteur qu’il y a trois mois. Le mode de scrutin complique, en outre, les choses. Il produit presque mécaniquem­ent le résultat car les électeurs sont les vainqueurs des consultati­ons locales des trois dernières années : municipale­s, départemen­tales, régionales. Une vague bleue a déferlé sur ces scrutins, annonçant, d’ailleurs, le rejet massif de François Hollande. Normalemen­t, la droite devrait donc conforter sa domination sénatorial­e. Mais le choc Macron l’a divisée en même temps, d’ailleurs, que la gauche. Résultat, dans tous les départemen­ts qui vont voter, règne la dispersion des candidatur­es. Même le président sortant du Sénat, Gérard Larcher, va devoir affronter trois candidats issus de sa famille politique dans les Yvelines ! Ces dissidence­s de droite et de gauche font, évidemment, le jeu de REM. Le parti présidenti­el débauche de tous les côtés pour fracturer les forces traditionn­elles. Habile stratégie qui consiste à troubler l’eau, donc les esprits, pour faire voter en eaux troubles, donc à l’aveuglette. Le terrain est d’autant plus favorable à cette manoeuvre que  % des sénateurs sortants ne se représente­nt pas. Le vent du renouvelle­ment pourrait donc souffler aussi sur cette élection. À moins que la défiance qui perce dans l’opinion ne redonne du tonus à des forces traditionn­elles que le président pensait avoir terrassées.

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