Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Blanquer : «Je n’ai pas de dogme sur la semaine de quatre jours»

Invité par La Ligue de l’enseigneme­nt à l’occasion de son université de rentrée, le ministre de l’Éducation nationale était hier au Pradet (Var). L’occasion pour lui de réaffirmer sa vision de l’école

- P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com

Pas de long de discours. C’est sous la forme originale d’une conversati­on, presque feutrée, animée par Héloïse Lhérété, rédactrice en chef du magazine Sciences humaines, que Jean-Michel Blanquer a pu préciser sa vision de l’école. Un échange entre soi, pas du tout politisé, mais un exercice risqué car plus spontané. Le ministre de l’Éducation nationale, visiblemen­t à l’aise, n’a d’ailleurs pas tardé à annoncer, involontai­rement peut-être, l’ouverture prochaine d’une « concertati­on sur le temps et l’espace de l’enfant et de l’adolescent au XXIe siècle».

Pragmatiqu­e, il veut se focaliser sur le terrain

Une grande réflexion, qui devrait se tenir d’octobre à juin et qui se penchera pêle-mêle sur les rythmes scolaires, les relations des enfants aux écrans, le sommeil, la pratique sportive, le bâti scolaire... Pour le reste, Jean-Michel Blanquer a surtout profité de la parole qui lui était donnée pour défendre ses premières décisions. Et notamment celle sur le retour (au choix) de la semaine des quatre jours. Répondant à ceux qui l’ont rebaptisé « le ministre Ctrl Z », en clin d’oeil à la fonction qui annule la dernière opération sur les ordinateur­s, Jean-Michel Blanquer affirme « n’avoir aucun dogme sur un sujet qui n’est pas ma priorité ». Se voulant « pragmatiqu­e », le ministre de l’Éducation nationale a rappelé qu’il convenait avant tout de regarder ce qui se passe sur le terrain. Sa philosophi­e : « Garder ce qui fonctionne bien et changer ce qui ne fonctionne pas ».

« L’égalité des possibles »

Interrogé également sur sa vision de la devise de la République – Liberté, Égalité, Fraternité –, que l’on retrouve sur le fronton de toutes les écoles, JeanMichel Blanquer a été sans ambiguïté. S’il est « très attaché à la liberté pédagogiqu­e », cela ne doit pas se faire au détriment de la réussite des élèves. Et d’évoquer les 20 % des enfants qui sortent de l’école primaire sans savoir ni lire, ni écrire, ni compter. Le trait d’union avec l’égalité est tout trouvé. À l’égalité des chances, le ministre préfère « l’égalité des possibles ». Et là encore, seuls ces 20 % d’élèves les plus faibles dictent son action. « Tous les procès qu’on me fait sont des faux procès. Quand on décide de dédoubler les classes de CP et CE1, c’est justement pour permettre de personnali­ser les parcours au bénéfice des plus fragiles. »

« Faire respecter le principe de laïcité »

Quant à la fraternité, c’est peutêtre le plus bel objectif de l’école. « L’école ne doit pas s’occuper que de l’instructio­n, mais de l’éducation et de la coéducatio­n avec les parents. Il y a des transmissi­ons de savoirs, mais aussi des transmissi­ons de valeurs. L’école doit permettre à l’empathie de se développer. Elle doit mettre l’enfant en situation de comprendre la position d’autrui et, à partir de là, de cultiver la fraternité. » Jean-Michel Blanquer n’a pas oublié de rappeler son attachemen­t à la laïcité. «Un mot magnifique auquel il faut donner toute sa place. » À ce sujet, il a tenu à rassurer ses auditeurs : « Face aux coups de boutoir de certains, on doit se réunir autour d’une République forte pour réaffirmer ce principe et le faire respecter ».

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(Photo Dominique Leriche) « L’école ne doit pas s’occuper que de l’instructio­n, mais de l’éducation et de la coéducatio­n avec les parents », explique JeanMichel Blanquer, ministre de l’Éducation.

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