Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
« Des secteurs nouveaux de la population se mobilisent »
Eric Coquerel, député de SeineSaint-Denis et proche de Jean-Luc Mélenchon, évoque le rassemblement populaire organisé par La France insoumise aujourd’hui.
Jean-Luc Mélenchon espère un effet boule de neige des manifestations. La lassitude n’est-elle pas, au contraire, déjà en train de poindre ? Je ne crois pas. Cette succession de manifs montre que des secteurs nouveaux de la population, qui correspondent aux différentes attaques gouvernementales, sont en train de se mobiliser. Il y a un effet d’entraînement.
Le caractère très partisan de votre mobilisation ne va-t-il pas nuire à son succès ? Nous avons initié cette manifestation du septembre mais nous l’ouvrons à tous ceux qui souhaitent s’y associer. Des partis comme Nouvelle Donne ou le M de Benoît Hamon appellent à leur tour à manifester. Notre objectif est de rassembler et de donner au peuple l’occasion de s’exprimer. On ne souhaite qu’une chose, c’est que ce mouvement de protestation ne nous appartienne plus. Le succès [relatif, ndlr] des manifs du et du ne peut que renforcer celui de la protestation du , qui aura elle-même des effets positifs sur la mobilisation syndicale. Tout cela est un tout au service d’un seul objectif : bloquer la politique du gouvernement.
L’Etat va desserrer un peu la vis budgétaire. Pensez-vous vraiment qu’il puisse aller au-delà sans se renier ? Si la pression continue à monter, et il faudra sans doute d’autres initiatives, le n’est qu’un début, je crois vraiment à la possibilité de bloquer la politique du gouvernement. Et c’est bien sûr en priorité sur les ordonnances Travail qu’il faut le faire. Tout commence par là.
On peut toutefois difficilement reprocher au gouvernement de mettre en oeuvre les promesses du candidat qui a été élu… Je ne me souviens pas que dans son programme figurait la baisse des APL. Ensuite, chacun sait bien qu’Emmanuel Macron a été élu pour battre Marine Le Pen, il ne peut feindre de l’ignorer. Si % des Français avaient vraiment validé son programme, il n’en serait pas là dans les sondages. Quant à la loi Travail, deux jours avant le premier tour des législatives, Le Parisien et Libération avaient dévoilé les futures ordonnances et Mme Pénicaud avait dit que ce n’était pas le bon document. C’est exactement cela pourtant que nous avons eu à débattre à l’Assemblée. Il n’y avait pas une visibilité aussi précise de ce qui attendait les Français. On va très vite voir, de toute façon, s’ils se mobilisent.
On reproche à Emmanuel Macron de se mettre en scène en majesté. Dans un style différent, La France insoumise sacrifie aussi beaucoup à la politique spectacle… Nous ne gouvernons pas le pays. Et ce que nous désapprouvons, c’est le système de la Ve République qui autorise un seul à décider pour tous. Emmanuel Macron amplifie cela par une vision très présidentialiste. Si demain nous gouvernons, nous passerons au contraire à la VIe République et Jean-Luc Mélenchon sera le dernier président élu. Macron gouverne et nous sommes opposants. Ce n’est donc pas le même effet de personnalisation du pouvoir.