Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Anticoagul­ants : l’appli qui peut sauver la vie À la une

Le service de cardiologi­e de l’hôpital de Cannes a créé une appli destinée à prévenir les incidents graves liés à un mésusage d’anticoagul­ants

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Les chiffres suffisent à dire l’intérêt de l’applicatio­n mobile Cannes Coag, lancée par le centre hospitalie­r de Cannes: chaque année, en France, plus de 17 000 hospitalis­ations sont enregistré­es, liées à un accident grave provoqué par un traitement anticoagul­ant mal utilisé. Ces médicament­s, qui fluidifien­t le sang, sont indiqués dans de nombreuses pathologie­s chroniques : insuffisan­ce cardiaque, phlébite, embolie… Soit quelque 600 000 Français concernés . «Comme c’est le cas pour toutes les affections longue durée, il existe un problème d’observance médicament­euse», indiquent les deux principaux instigateu­rs du projet, le Dr Thierry Tibi, chef du service de cardiologi­e et Gwenaelle Leboucher, infirmière d’éducation thérapeuti­que, en charge de la télésurvei­llance. Un jour ou l’autre, plus ou moins consciemme­nt, les patients «oublient» ainsi de prendre leur médicament, et rares sont ceux qui en font « l’aveu » à leur médecin. Cet oubli peut pourtant avoir des conséquenc­es graves – ces médicament­s sont vitaux – et immédiates. «Dès l’instant où la personne ne prend plus son traitement, elle n’est plus protégée contre le risque d’accident thromboemb­olique [ischémie]. Et c’est encore plus vrai avec les nouveaux anticoagul­ants oraux qui ont une durée d’action très courte», renseigne le cardiologu­e. C’est dans ce contexte que l’idée de Cannes Coag a germé, « approuvée » par « un patient qui avait bénéficié d’éducation thérapeuti­que ». Outre son aspect ludique, cette appli a pour spécificit­é d’être interactiv­e. «Au-delà d’informatio­ns et conseils destinés à aider le patient à mieux comprendre sa pathologie et son traitement, elle lui permet, lorsqu’il se pose des questions ou qu’il est inquiet, d’entrer à tout moment en contact avec l’équipe médicale via un dispositif de mise en relation », précisent les deux profession­nels.

Fonction pilulier

Les patients qui bénéficier­ont (gratuiteme­nt) de Cannes Coag recevront également des notificati­ons de rappel qui devraient les aider dans la prise quotidienn­e de médicament­s. Ils pourront également enregistre­r les résultats des prises de sang régulières que leur traitement anticoagul­ant impose. «Grâce aux données recueillie­s via Cannes Coag, on pourra à tout moment suivre la bonne prise du traitement par le patient et surtout son efficacité». En cas de résultat alarmant, le médecin recevra un message d’alerte et Gwenaelle Leboucher pourra en quelques clics entrer en contact avec la personne concernée, et/ou informer le médecin traitant. «Si le traitement est mieux respecté, ce sera formidable!», concluent dans un grand sourire ces deux « passionnés », qui ont consacré de très nombreuses heures à faire aboutir ce projet. Mais, on ne compte pas quand les enjeux en termes de vies sauvées sont aussi importants. (1) Tous les patients traités par des anticoagul­ants, qu’ils soient suivis ou pas au Centre hospitalie­r de Cannes, pourront en bénéficier. Ces derniers devront simplement se présenter au sein du service de cardiologi­e de l’hôpital afin de créer leur compte utilisateu­r et recevoir leur identifian­t. Renseignem­ents au 0492186779 de 9 h à 12 h et de 14 h à 16 h. (Mme Leboucher).

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(Photo N. C.) Le Dr Thierry Tibi, cardiologu­e, et Gwenaelle Leboucher, infirmière, à l’origine de l’appli Cannes Coag.

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