Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Surdoués, précoces… Non, ce ne sont pas des «maux» de riches Psycho
Concept initié par l’association Mensa international, l’Intelligence Day se tiendra pour la 1re fois à Nice le 6 octobre. L’occasion de mieux comprendre qui sont les « hauts potentiels »
Il s’appelle Guillaume, il est trentenaire et exerce la profession d’ingénieur dans une grande entreprise de la région. Il s’appelle Jean-Marie, affiche une petite soixantaine alerte et il est aujourd’hui employé dans une société de distribution. Ils bavardent aujourd’hui comme deux vieux copains. Il y a deux mois, ils ne se connaissaient pourtant pas, et rien, a priori, ne les prédisposait à se rencontrer ni à sympathiser. Leur rencontre – improbable –, ils la doivent à Lauriane, la fille de Jean-Marie. Une jeune femme, dont le haut potentiel (HP) intellectuel (termes qui ont remplacé désormais celui de surdouance) était mis en évidence lorsqu’elle avait une douzaine d’années. « Elle était régulièrement victime de malaises – suffocations, tétanies… – qui nous obligeaient à la conduire aux urgences de Lenval. Jusqu’au jour où il a été proposé de l’adresser à la psychologue de l’hopital qui a posé le diagnostic de précocité, confirmé par la suite », raconte Jean-Marie. Après un parcours scolaire « compliqué », Lauriane a aujourd’hui intégré le monde du travail. Elle y excelle. Mais, elle n’a pas tourné la page de toutes ses difficultés. « Elle reconnaît que ses relations avec les autres sont factices ; elle tisse un réseau mais sans illusion. En réalité, elle a du mal à être ‘‘juste bien’’ avec les gens» , témoigne son père. Un père toujours complice et à l’écoute qui, comme elle, « pense trop, en permanence ». Lauriane était-elle secrètement convaincue que son père présentait les mêmes « spécificités» intellectuelles qu’elle? Probablement. Et c’est sans doute pour cette raison qu’elle décidait, un jour récent, de lui proposer de l’accompagner à une réunion de Mensa France (à laquelle elle était adhérente), dont Guillaume est délégué régional. de ces hauts potentiels ou « surdoués » qu’il représente. Pour lui en particulier. « J’ai toujours su que quelque chose n’allait pas, accepte-t-il enfin de confier. Çaa été terrible au collège et au lycée. j’étais incapable de parler aux autres. »
et un point B, plutôt que réfléchir de façon linéaire, on essaiera de trouver la solution en passant par des méandres… » De quoi exaspérer l’entourage. Et Guillaume en convient, il a dû mal à s’intéresser à certains sujets, comme le sport par exemple, ce qui n’est pas sans conséquences. Depuis que Jean-Marie « sait », il a une lecture différente de sa vie passée. Professionnelle en particulier. Il comprend mieux l’irrégularité de sa carrière, la façon singulière qu’il a eue de pratiquer certains métiers sans rien connaître au secteur, de passer de l’un à l’autre. « J’ai quelques regrets en pensant à ce qu’elle aurait pu être si j’avais su plus tôt… », concède-t-il. « Beaucoup d’adultes surdoués n’arrivent pas à trouver leur place au niveau professionnel,
confirme Guillaume. Ou ils sautillent d’un métier à l’autre… » À cela des causes complexes, dont une « méconnaissance fréquente des codes sociaux ». « Ce n’est pas inné chez nous ». Alors, quand, pour conclure, on les interroge tous les deux sur leurs « facultés hors normes », ils répondent aussitôt : « ce n’est pas sûr qu’on ait des facultés supérieures ! Il y a beaucoup de formes d’intelligence. » Une réponse qui témoigne aussi de leur volonté d’être accepté avec leur différence. Sans jugement trop hâtif. 1- Mensa est un club international de personnes à haut potentiel intellectuel fondé à Oxford en 1946, qui a depuis essaimé dans une centaine de pays et compte environ 133 000 membres dans le monde.