Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Aït Saïd : « Arrêter avant ? Jamais »

- PROPOS RECUEILLIS PAR ROMAIN LARONCHE

Pour l’heure, Samir Aït Saïd entretient une histoire douloureus­e avec les JO. Blessé juste avant ceux de Londres en 2012 (triple fracture du plateau tibial), le gymnaste antibois a fini ceux de Rio avec une fracture tibia-péroné en 2016. Une image terrible qui a fait le tour du monde. Depuis son été brésilien, le champion d’Europe 2013 s’est patiemment reconstrui­t. Le week-end dernier, l’Azuréen de 27 ans a obtenu, dès sa première compétitio­n, sa qualificat­ion pour les championna­ts du monde de Montréal (27 septembre - 9 octobre) aux anneaux. Une simple « étape » dans sa quête de médaille olympique. Le rêve qui anime Samir depuis qu’il a débuté son sport à 6 ans.

Avec l’obtention des JO à Paris en , vous avez l’intention de poursuivre votre carrière jusque-là ? Arrêter sa carrière juste avant de pouvoir participer aux Jeux olympiques dans son propre pays, ce serait la plus belle des bêtises à faire pour un sportif. Me concernant, c’est sûr, je ne peux pas passer à côté des Jeux de Paris. C’est hors de question. J’ai envie d’aller chercher une médaille dans mon pays. Vous aurez presque  ans en . N’est-ce pas trop âgé pour un gymnaste ? Le Roumain Marian Dragulescu a  ans. Il a déjà été médaillé mondial et olympique (médaille d’argent mondiale à presque  ans) et il vient encore de claquer deux médailles européenne­s, dont un titre (or au sol, argent au saut de cheval). Cela montre que c’est possible. Vous disiez que vos blessures de  et  étaient « dues au destin », que ce n’était « pas votre jour ». Vous pensez que votre jour arrivera en  ou  ? Malheureus­ement, on ne peut pas revenir en arrière. Je ne regarde pas le passé. La seule chose que je peux faire, c’est me projeter vers les prochains JO et tout faire pour aller chercher ces médailles. Elles n’arriveront pas comme ça. Alors, je m’entraîne dur pour y parvenir et je me dis que ça va le faire.

Pour votre retour à la compétitio­n, vous signez une place aux Internatio­naux de France. Cela veut dire que vous avez retrouvé votre meilleur niveau ? Je ne suis pas trop mal. Il me reste un peu de travail encore, mais je suis content. Je me bats tous les jours pour ça. Pour le moment, je me concentre sur les anneaux. Pour prétendre à des finales ou des médailles, je me spécialise vraiment sur les anneaux.

Avez-vous pleinement récupéré physiqueme­nt ? J’ai encore un clou dans la jambe, mais je ne le sens même pas. J’y vais à %. La jambe est solide, il n’y a pas de raison de s’en faire.

Psychologi­quement, y’a t-il une appréhensi­on ? Non. Il n’y a plus d’appréhensi­on. Tout est consolidé, il ne faut plus y penser. Je me concentre sur le travail, et puis ça ne sert à rien d’avoir peur.

« J’ai une histoire atypique, je l’accepte »

Votre notoriété, vous l’avez aussi acquise avec cette blessure aux Jeux. Obtenir une médaille olympique permettrai­t de vous détacher de cette étiquette… Je suis conscient d’avoir acquis cette réputation avec cette blessure aux JO malheureus­ement. Je l’accepte, j’ai une histoire très atypique. Mais dans quelques années, j’aimerais bien qu’on pense à Samir en tant que médaillé olympique, plutôt que comme grand blessé. Mais il y a encore du boulot.

Quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris que Paris aurait les Jeux ? J’ai eu un gros smiley (sourire). L’instant d’après, je me suis dit, c’est parti.

Le but serait de finir votre carrière sur un succès à Paris ? Ça serait cool (rires). C’est exactement ce que je cherche à faire. Ecrire mes propres pages et choisir la fin du livre - et là ce serait une très belle fin - c’est ce que je souhaite de tout coeur.

Quel est le regard de vos proches sur ce choix ? Ils m’encouragen­t. Je suis soutenu, que ce soit par mes collègues et ma famille.

Si vous obtenez une médaille à Tokyo, ça ne remettra pas en cause votre choix d’aller jusqu’à Paris ? Arrêter avant Paris, jamais. Je n’y pense même pas.

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