Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Lutter contre la mouche de l’olive avec de l’argile
Hier à La Cadière, un moulinier a vanté, devant un parterre de producteurs, les mérites d’une barrière minérale pour protéger les récoltes d’or vert. Une rencontre à l’initiative de la Chambre d’agriculture
Àquelques jours d’une récolte qui s’annonce prometteuse, tous les oléiculteurs amateurs et professionnels de l’ouest-Var ont encore en tête le cru 2014 et ses rendements catastrophiques, avec 70% de la production détruite. Cette année-là, le coupable s’appelait Bactrocera oleae, ou mouche de l’olive. Ses victimes tombaient alors des arbres, rabougries, desséchées, tuées à cause des tunnels creusées par les larves dans les drupes, et l’inévitable oxydation qui s’en suivait. Pour ne plus revivre ça, quoi de mieux que de laisser parler ceux qui ont le savoir ? Celui de Denis Pietri, 56 ans, moulinier à la Cadière(1), est immense. Et empirique. Cela fait des années qu’il multiplie les tests aux Luquettes, sur son verger expérimental de trois hectares. C’est là-bas aussi qu’hier matin, sur proposition de la Chambre d’agriculture (voir ci-dessous), il a accepté de dispenser une rapide formation - son « retour d’expérience » - à une quarantaine de producteurs du coin soucieux de se prémunir au mieux contre l’insecte.
Les “phyto” : « De vraies cochonneries »
En l’arrosant largement d’insecticide, comme ce fut longtemps l’usage ? On a de suite compris, en écoutant cet homme passionné, que c’est évidemment une tout autre solution qui emportait son assentiment : l’argile, comme « barrière minérale ». Et d’expliquer : « L’idée, c’est de pulvériser une bouillie d’argile sur les olives en début d’été, de manière à former sur le fruit une fine pellicule qui empêchera la ponte. L’olive perd alors son appétence, la mouche est désorientée et elle ne va pas piquer. L’inconvénient, c’est que cela demande du temps et une grande rigueur. » L’avantage : tout est bio. La manipulation est saine pour l’oléiculteur, la plante et le consommateur. Pas sûr que cela soit toujours le cas avec les produits phytosanitaires. « Les phyto sont de vraies cochonneries pour la santé », balaye Denis Pietri. Quant aux pièges avec des bouteilles percées dans les arbres – « à part attirer aussi les mouches du voisin… »–ou ceux vendus en jardinerie –« du vol… »– le moulinier les trouve totalement inefficaces. Seul bémol à cette matinée très instructive : Denis Pietri n’avait traité ses oliviers qu’à moitié pour montrer les dégâts de la mouche et, de fait, l’efficacité de sa barrière minérale. « Pas de chance » : cette année, l’or vert a été épargné par la bête. Il faut donc croire le prof sur parole : « En 2014, ceux qui m’avaient apporté les plus belles olives sont ceux qui avaient traité à l’argile… »
1. Moulin de la Malissonne - 655, chemin de la Malissonne - La Cadière-d’Azur http://moulindelamalissonne.blogspot.fr/