Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

« Les agriculteu­rs doivent aider »

La société de chasse locale, qui s’estime mise en cause par un maraîcher du village, répond point par point à la problémati­que de la surpopulat­ion de grands gibiers

- E. C. echarles@varmatin.com

ÀPierre Venel, maraîcher qui affirmait récemment dans nos colonnes endurer la double peine de la sécheresse et du sanglier, les chasseurs répondent sans détour : « pour nous, c’est la triple peine ! » Indemnisat­ion des dégâts aux agriculteu­rs, coûts engendrés par des périodes d’activité plus longues et impératifs de prévention… « la phase du loisir de la chasse au grand gibier est désormais révolue, c’est devenu une contrainte pour nous », estime Claude Robert, président de la société de La Roquebruss­anne. Alors, qu’on ne leur jette surtout pas la pierre en les pointant du doigt comme responsabl­es des dégâts subis sur une exploitati­on agricole. « M. Venel nous reproche de ne pas être venus faire de battue près de chez lui, mais qu’il se souvienne qu’il y a quelques années, nous n’étions pas les bienvenus et il nous le faisait bien savoir ! », remarque Albert Estienne, voisin direct du maraîcher. La surface de l’exploitati­on figure d’ailleurs parmi les sites interdits à toute chasse sur les documents de la société. Un lieu par ailleurs « dangereux », car jouxtant la départemen­tale « où ça roule fort et c’est dangereux pour les chiens… »

Des agriculteu­rs la fleur au fusil

Mais au-delà de ces considérat­ions particuliè­res, « on ne peut pas interdire la chasse chez soi, ne pas faire en sorte de se prémunir contre les éventuels dégâts et après demander des indemnisat­ions à la fédération », tempête Bruno Giaminardi, directeur de la Fédération varoise. Pour lui comme nombre de ses pairs, il appartient désormais à tous les exploitant­s agricoles de s ‘associer à la lutte contre le fléau. « On est dans une situation où tout le monde doit participer au prélèvemen­t. L’objectif est clair, il faut réduire les population­s de sangliers et les agriculteu­rs doivent s’y mettre aussi. La Fédération des caves coopérativ­es nous a par exemple demandé des sessions de formation ouvertes à leurs adhérents. Les Vignerons indépendan­ts sont dans la même démarche. Ca va dans le bon sens. »

Chasser sur l’ensemble du territoire

Le directeur en conclut que seule une prise de conscience globale pourra permettre de venir à bout de la surpopulat­ion de sangliers… « Il faut que l’ensemble du territoire soit chassé, sinon “l’effet réserve” où l’animal ne connaît pas de prédation aboutit à la création de véritables refuges naturels où les sangliers pullulent… » (lire par ailleurs). Les chiffres à cet égard sont éloquents : 27 000 têtes abattues en 2016 contre 2 300 prélevés chaque année dans les années quatre-vingts. Dire que les chasseurs font de leur mieux pour réguler les population­s n’est donc pas un euphémisme. D’autant que leur nombre diminue d’année en année. Mais pas l’étendue de la période de chasse. « On en est déjà à dix mois aujourd’hui et on évoque désormais une ouverture à la chasse au sanglier douze mois sur douze ! » prévient Bruno Giaminardi. Mais en l’espèce, la pré-ouverture de la chasse dès le mois d’août n’aura pas permis d’organiser bon nombre de battues sur La Roquebruss­anne en raison du temps. Le classement des massifs forestiers en risque sévère d’incendie, interdisai­t toute pénétratio­n dans les forêts. « Il n’y a eu que trois battues sur tout le mois d’août, pour neuf sangliers tirés, contre six battues en 2016… » précise le chef de celle-ci. Après le gel, la grêle, la sécheresse et les dégâts du sanglier qu’elle ne fait que renforcer, les conditions climatique­s extrêmes qui ravagent les cultures ne sont pas sans conséquenc­es non plus pour les chasseurs.

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(Photo doc) La sécheresse a été telle, cette année, que les sangliers ont eu tendance à déserter leur habitat naturel dans les forêts pour se réfugier en milieu périurbain.
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(Photo E. Charles) Les membres de la société de chasse de La Roquebruss­anne s’estiment mis en cause, à tort, par un maraîcher du coin.

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