Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Tous ensemble pour lutter contre les jeunes désoeuvrés Au lendemain de la rixe sanglante, les commerçants et riverains sont encore abasourdis par la violence de l’agression. Ils réclament des patrouilles de police plus importantes entre 14 et 19 h
L’émotion est retombée d’un cran dans la rue République au lendemain de l’agression d’un restaurateur par deux jeunes Dracénois, dont l’un est mineur. Ces trois personnes impliquées ont été interpellées au cours d’une intervention mouvementée des forces de l’ordre, mercredi vers h (notre édition d’hier). Placées en garde à vue au commissariat, elles ont été entendues hier. Les auditions se poursuivront encore aujourd’hui, leur garde à vue étant prolongée de heures. Cela afin de permettre aux enquêteurs d’établir les implications des protagonistes et d’entendre les témoins, nombreux, de cette rixe. Des zones d’ombre subsistent en effet dans cette affaire. L’on sait toutefois que les deux jeunes Dracénois, âgés de et ans, ont pénétré dans l’établissement du commerçant âgé de ans. Des échanges de coups s’en sont suivis et l’un des agresseurs a été blessé superficiellement à une main par une arme blanche. Hier, nous avons rencontré les commerçants de la rue République ainsi que les riverains et certains témoins de la bagarre et des interpellations spectaculaires qui en ont découlé. Sur fond d’insécurité chacun dénonce la situation de tension latente du centre-ville squatté par la petite délinquance. Mais aussi le harcèlement à répétition subi depuis plusieurs mois par le commerçant aujourd’hui en garde à vue ! Ce harcèlement était pourtant connu des services de police, comme l’attestent des plaintes à répétition déposées depuis mai dernier par le restaurateur.
Il n’est presque pas étonnant que cette agression soit arrivée », lâche Carole, une commerçante de la rue République. « La scène a choqué tout le monde, parce qu’elle a été d’une extrême violence, mais cela fait quatre mois que ce groupe de jeunes stationne entre le centre Hermès, la rue République et l’entrée des artistes du théâtre », renchérit une voisine. « Ils fument des joints, consomment de l’alcool sans être inquiétés. Et ce n’est pas faute d’avoir prévenu la police à plusieurs reprises ».
Un courrier adressé au maire le juillet
Hier matin, tandis que des clients venaient aux nouvelles, riverains et commerçants encore abasourdis par le caractère agressif de
la scène, ne semblaient en revanche guère surpris qu’elle se soit produite rue République (notre édition du 28 septembre) . Il faut dire que depuis quatre mois, ces jeunes désoeuvrés s’étaient « installés » dans cet axe passant. Faisant parfois tourner les talons des clients peut enclins à s’engager devant un groupe, assis par terre et consommant des substances illicites. Une situation préoccupante « pour l’image de la ville » qui avait conduit plus de 25 commerçants à alerter le maire, Richard Strambio, dans un courrier, le 25 juillet dernier. Ils y faisaient état d’un tapage diurne quasiment quotidien avec des cris, crachats, orchestrés par une quinzaine de jeunes fumant de la drogue et laissant derrière eux leurs détritus. « Ils viennent squatter entre 14 h et 19 h. Depuis le mois de juin le phénomène s’est amplifié. On ne peut pas dire que les policiers n’étaient pas courant », affirme un autre commerçant. Ce dernier et ses collègues, réclament tous une présence policière plus importante, particulièrement l’après-midi. « Le matin, ils dorment, ils ne sont jamais là », confirme une habitante du centre-ville qui, comme d’autres Dracénois, a un sentiment d’insécurité. « Je suis inquiète pour ma fille qui travaille ici. Ils sont très agressifs comme on a pu le constater mercredi dernier ». Un peu plus loin, une jeune femme de 24 ans confirme : « L’un des jeunes agresseurs, je le connais depuis plus de 10 ans. C’est horrible de voir qu’à cet âge-là, on peut avoir autant de violence. À l’époque on habitait sur le même palier, il est complètement parti en vrille », affirme-t-elle encore avec un brin d’émotion.
Déjà agressé en juin dernier
D’autant que ce n’est pas la première fois que le gérant est victime d’une agression, de dégradations et vols (notre édition du 2 juin 2017). « Cela fait un moment que nous sommes ennuyés dans cette rue par ces Dracénois. Ils sont là tous les jours et on voit bien que ça peut vite dégénérer », indique une riveraine. « Le jeune restaurateur est apparemment devenu leur bouc émissaire depuis qu’il a ouvert. Il fait de la peine. Il est tout seul », explique une autre commerçante. Mercredi, selon plusieurs témoins de la bagarre, les agresseurs s’en sont pris au chef d’entreprise par deux fois, à seulement quelques minutes d’intervalle (voir ci-dessous). « Ce qui s’est passé, c’est ce que l’on voit à la télé. Pas à côté de chez nous », commente Manon. « C’est bien d’investir pour améliorer le boulevard principal. Mais si rien n’est fait pour enrayer cette petite délinquance, le centre-ville va se déserter et ces travaux d’amélioration n’y changeront rien », concluent Anne-Marie et Luc.