Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Commissariat Saint-Roch : « Nous soutiendrons Estrosi sur ce projet »
On demande beaucoup à nos forces de l’ordre et une certaine usure se fait sentir. Peut-on exiger d’elles le même niveau d’implication sans renforcer leurs moyens ? Mais nous les renforçons puisque, conformément à l’engagement du président de la République, nous allons créer postes de policiers et de gendarmes dans les années à venir. Nous allons aussi réformer le code de procédure pénale pour alléger les tâches administratives et bureaucratiques sur lesquelles nos forces de sécurité passent aujourd’hui trop de temps. Cette réforme, que nous porterons avec la garde des Sceaux, permettra de renforcer l’efficacité de la réponse policière et d’augmenter le nombre de nos effectifs sur le terrain.
Les policiers se plaignent aussi de la vétusté de leurs locaux. Où en est-on du projet d’hôtel de police, à Nice, à la place de l’ancien hôpital Saint-Roch ? C’est un projet majeur sur lequel le maire de Nice, Christian Estrosi, m’a sensibilisé dès mon arrivée à Beauvau. Nous le soutiendrons. J’ai demandé aux services de trouver des solutions et au préfet d’ouvrir les discussions avec les élus sur une convention relative à l’opération. La nature des occupants n’est en tout cas pas du tout une difficulté, tous contribuent à une même mission : la sécurité. Cela doit d’ailleurs faire l’objet, à moyen terme, d’une réflexion plus globale sur le rôle des forces de sécurité nationales, des polices municipales et sans doute aussi des agents de sécurité de manière à avoir une doctrine cohérente sur tout le territoire national.
Pour une inauguration prévue quand ? Difficile à dire, il va quand même falloir réaliser des travaux importants pour transformer l’hôpital Saint-Roch et réunir dans les mêmes locaux des services nationaux et municipaux.
C’est cette cohabitation qui nécessite une modification législative ? Cela nécessite en effet quelques ajustements juridiques sur lesquels nos services sont en train de nous proposer des solutions. Car jusqu’à présent il y avait une frontière nette entre police nationale et police municipale. Cela doit d’ailleurs faire l’objet, à moyen terme, d’une réflexion plus globale sur le rôle des forces de sécurité nationales, des polices municipales et sans doute aussi des agents de sécurité de manière à avoir une doctrine cohérente sur tout le territoire. Justement, c’est l’objet de votre venue aujourd’hui à Nice, comment les villes peuvent-elles contribuer à cet effort de sécurité ? Les villes ont un rôle de protection et de surveillance. Des réunions sont organisées en préfectures avec différents acteurs locaux, comme ceux de l’Éducation nationale par exemple, afin de détecter un certain nombre de signes de radicalisation. Les maires sont bien placés pour voir lorsque, dans un quartier, l’ambiance est en train de changer et qu’un certain nombre d’habitants peuvent soudainement être sensibles à des théories inspirées par l’État islamique.
Elles ont aussi un rôle en matière d’équipements publics ? Quand j’étais maire j’ai été un de ceux qui a souhaité installer beaucoup de vidéoprotection. J’ai renforcé ma police municipale. Je l’avais même armée au lendemain des attentats du Bataclan estimant que nous avions passé un cap dans la menace. Aujourd’hui, la coopération entre les services nationaux et les responsables des grandes villes est essentielle. Emmanuel Macron s’est rendu, hier matin, à la rencontre des différents services de la police et de la gendarmerie de la région lyonnaise, rassemblés pour l’occasion sur les berges du Rhône. Durant une heure et demie, accompagné du ministre de l’Intérieur et ex-maire de la ville Gérard Collomb, il les a interrogés sur leurs missions quotidiennes, la coopération entre les services, l’utilisation des caméras de surveillance ou leurs conditions de travail. Certains d’entre eux se sont plaints des « tâches indues », notamment administratives, qui « leur font perdre beaucoup de temps dans l’accomplissement de [nos] missions ». Après cette visite du Président, l’Élysée a annoncé que le chef de l’État recevra les représentants des forces de sécurité le octobre et prononcera un discours sur la sécurité en France.