Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«L’agrobiolog­ie est la seule solution d’avenir»

Selon l’associatio­n Bio Consom’Acteurs Paca France, le déroulemen­t des états généraux de l’alimentati­on est dévoyé par la surreprése­ntation des lobbys et des tenants de l’agrochimie

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Bernard Astruc, président de Bio Consom’Acteurs Paca France est déçu. Seul représenta­nt des citoyens de la région accrédité à Paris pour le lancement des États généraux de l’alimentati­on (EGA) inaugurés l’été dernier par le gouverneme­nt (Varmatin du 21 juillet 2017), ce Lorguais en dresse un bilan très mitigé à mi-parcours. L’objectif affiché de ces rencontres est de favoriser la mise en place d’une chaîne de production durable et équitable, une consommati­on plus sûre et plus respectueu­se de l’environnem­ent. Mais, dans les faits, il constate des lacunes au détriment des consommate­urs.

L’argent public doit aller à la transition

«La compositio­n et la présidence des ateliers de ces EGA, à Paris ou en province, fait débat. On y trouve tous les géants de l’agroalimen­taire», se plaint-il. De nombreuses associatio­ns, comme l’UFC-Que Choisir, le regrettent et soulignent que sur quatorze ateliers, seulement quatre concernent l’alimentati­on. Bernard Astruc explique : «Le but de ces EGA, c’est – après avoir fait le bilan – de sortir des milliers d’exploitati­ons de l’impasse. Or le bilan n’a pas été fait. L’agricultur­e s’est dévoyée depuis 70 ans, sortant du cadre agronomiqu­e traditionn­el pour privilégie­r la quantité, par la chimie.» Ce militant de l’agrobiolog­ie (AB) ajoute que «cette agricultur­e polluante n’est même plus valable sur le plan économique, elle est sous perfusion. Ça suffit: l’argent public doit aller à la transition de l’agricultur­e de la chimie vers l’agrobiolog­ie. C’est la seule solution d’avenir.» Les chiffres du premier semestre 2017 montrent que le processus mis en oeuvre par les producteur­s qui passent en bio s’accentue, comme la demande des consommate­urs. «En face de cela, que fait le gouverneme­nt? interroge-t-il. Non seulement il ne donne pas ce qu’il devrait donner à l’AB mais en plus il supprime les aides au maintien de l’AB.»

Garder l’espoir

Pour lui, les agriculteu­rs bio sont les seuls à apporter des solutions à la pollution, au réchauffem­ent climatique et à la désertific­ation rurale. «Ils font revivre les campagnes, créent de l’emploi. La bio n’a que des avantages.» Le constat est amer mais l’espoir demeure. «Je m’attendais à cela, dit Bernard Astruc. La partie est mal engagée mais pas terminée. Nous n’excluons pas un sursaut des consommate­urs pour qu’ils viennent peser dans le rapport de forces. Nous préparons avec Lylian Legoff, médecin environnem­entaliste, un plan stratégiqu­e global de transforma­tion de l’agricultur­e, fondée sur des bases saines, équitables et durables. Nous le diffuseron­s largement. Les citoyens pourront s’appuyer dessus.» Sortie prévue avant le 20 octobre au milieu du second chantier des EGA portant sur « Une alimentati­on saine, sûre, durable, et accessible à tous».

 ?? (Photos A. Lebel) ?? Bernard Astruc va au contact des consommate­urs, qui, dans leur immense majorité, n’ont pas entendu parler des états généraux de l’alimentati­on. Il leur explique qu’ils peuvent peser sur le débat.
(Photos A. Lebel) Bernard Astruc va au contact des consommate­urs, qui, dans leur immense majorité, n’ont pas entendu parler des états généraux de l’alimentati­on. Il leur explique qu’ils peuvent peser sur le débat.

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