Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La Catalogne tient toujours tête à Madrid
Dans un discours de défiance, hier soir, le président de la Catalogne, Carles Puigdemont, a reproché au roi Felipe VI de ne pas reconnaître les aspirations du peuple catalan
Le président du Parlement catalan, Carles Puigdemont, a pris la parole, hier soir, pour réaffirmer son intention de « mettre en oeuvre le résultat du vote » (du référendum d’autodétermination du 1er octobre) et de déclarer l’indépendance de la Catalogne, tout en adressant quelques critiques cinglantes au monarque espagnol, Felipe VI. Ce dernier, la veille, avait formulé de vives critiques à l’égard des dirigeants catalans, les accusant notamment d’avoir bafoué « de façon répétée (...) et délibérée » la Constitution et de « mettre en danger la stabilité » de la Catalogne et de toute l’Espagne. Carles Puidgemont a, en retour, regretté que le roi « adopte le discours et les politiques du gouvernement (de Mariano) Rajoy qui ont été catastrophiques pour la Catalogne et ignore délibérément des millions de Catalans qui ne pensent pas comme eux ». « La constitution lui octroie un rôle de modérateur qu’il (Felipe VI) n’a pas endossé, a poursuivi Carles Puidgemont. Il a assumé un rôle inadéquat en soutenant les décisions du gouvernement espagnol, qui ne visent qu’à éteindre les aspirations du peuple catalan. » Carles Puidgem a ensuite pris le roi directement à partie : « Je m’adresse directement à sa majesté, dans une langue que je sais que vous comprenez : par votre discours d’hier, vous avez déçu beaucoup de gens en Catalogne, qui attendaient de vous une parole de paix et de dialogue. »
« L’heure est à la médiation »
Le dirigeant catalan a toutefois réitéré son appel à une médiation. « Jedisque l’heure est à la médiation. (…) Paix et dialogue font partie de la culture politique de notre peuple mais nous n’avons jamais reçu de réponse positive du gouvernement à nos demandes », a-t-il regretté. Enfin, ce mercredi, la justice espagnole « a convoqué en vue de leur inculpation » le chef de la police catalane et deux responsables d’associations indépendantistes. Ils sont visés dans le cadre d’une « enquête pour sédition ».
L’article de la Constitution envisagé
Le chef du gouvernement, Mariano Rajoy pourrait invoquer l’article 155 de la constitution, jamais encore utilisé, qui permet de prendre le contrôle des institutions d’une région qui « porte gravement atteinte à l’intérêt général de l’Etat ». Dimanche 1er octobre, à l’issue du référendum d’autodétermination déclaré illégal par Madrid, Puigdemont avait ouvert la voie à une proclamation d’indépendance, estimant que « les citoyens catalans avaient gagné le droit d’avoir un État indépendant sous la forme d’une république ».