Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’Université passe son grand oral pour la rentrée
Les campus de Nice et Toulon au complet avec des filières sous tension et des taux d’échec importants en L1 : autant de points noirs listés hier pour poser et résoudre les défis
Dans le panorama des études supérieures, les universités azuréennes se taillent la part belle. De plus en plus de bacheliers des Alpes-Maritimes (A.-M) et du Var ont choisi les campus en voeu n° 1 sur la plateforme Admission postbac (APB) qui a patiné cet été. Avec des embouteillages en série sur le plan national, dont les effets ont été, toutefois, très limités sur l’académie de Nice, avec aucun bachelier des séries générales recalé par APB. Alors que les inscriptions sont toujours en cours, les universités de Nice Sophia-Antipolis, Côte d’Azur et de Toulon affichent complet. « Signe de leur attractivité et de leur bon état de santé », s’est félicité, hier matin, Emmanuel Ethis, recteur de l’académie de Nice et chancelier des universités, lors d’un point presse qui a passé en revue et en chiffres la rentrée du Sup’ dans les A.-M et le Var (lire ci-contre).
Sept étudiants sur dix échouent en L1
Au tableau de cette rentrée les bons et mauvais points ont été listés pour résoudre les défis. Parmi les mauvais points, le taux d’échec en L1. À Nice et Toulon, comme sur le plan national, il oscille entre 60 et 70 % selon les filières. En clair, sept étudiants sur dix ne passent pas le cap de la première année de fac. C’est énorme. Pourquoi ? « Fausse représentation des études », « choix par défaut », « absence de projet » sont autant d’explications avancées. « Beaucoup de lycéens choisissent des études pour s’aérer la tête, se faire plaisir, pointe Emmanuel Tric, président de l’Université de Nice Sophia-Antipolis (UNS). C’est le cas du Staps, où les lycéens s’imaginent qu’ils feront du sport en oubliant qu’ils devront travailler aussi les maths, la biologie… » Tout cela nourrit déceptions et abandons. Que faire alors ? Accompagner toujours plus, et bien en amont, les lycéens dans leur choix d’orientation. L’Université de Toulon a, elle, embauché un chargé de mission pour faire le tour des bahuts. « Expliquer aux élèves, les études et les débouchés dans notre université spécialisée sur les sciences de la mer », souligne son président Eric Boutin.
Remise à plat de la licence en 2018
À l’UNS, c’est une remise à plat des trois années de Licence qui se dessine pour 2018. « Il faut en finir avec les études spécialisées dès la première année, tranche le président Emmanuel Tric. Proposer au contraire des L1 généralistes pour ensuite ajouter en L2, puis L3 des blocs de spécialités choisis par les étudiants. » Soit au bout du compte, un cursus construit comme des Legos par les étudiants aboutissant à une spécialisation désirée. C’est donc une petite révolution qui s’échafaude. Et elle n’est pas la seule ! S’ajoute aussi la disparition annoncée de l’Université Nice Sophia-Antipolis. D’ici à 5 ou 10 ans, elle sera absorbée par l’Université Côte d’Azur, communauté d’établissements et de labos de recherche, créée en 2005. « Sa vocation n’est pas d’être une couche administrative de plus, mais un outil pour dessiner notre université de demain », martèle son président Jean-Marc Gambaudo. Grâce au label Idex (15M€ annuels pendant quatre ans) décroché par l’Université Côte d’Azur, ce projet est en construction. Avec la création de deux campus (l’un sur le numérique, l’autre sur les arômes et parfums) pour bâtir une université plus ouverte. « L’idée est de casser les murs entre les campus, grandes écoles et labos de recherches, poursuit Jean-Marc Gambaudo. De développer des “graduate school” associant étudiants, doctorants, chercheurs afin de dynamiser l’innovation et la recherche, en lien avec les entreprises. C’est péché de ne pas savoir travailler avec elles ! »