Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Conseil de l’ordre des dentistes : la rage dedans La Garde

Cinq ans après son ouverture, la faculté privée fait toujours polémique. Aujourd’hui, c’est l’inscriptio­n des premiers jeunes diplômés par le conseil de l’ordre qui fait grincer les dents

- P.-H.C. phcoste@nicematin.fr

Depuis quelques jours, les syndicats français de dentistes montrent les crocs dès qu’on leur parle du Var. Plus précisémen­t, ils ont une dent contre le conseil départemen­tal de l’ordre des chirurgien­s-dentistes. La raison? Il s’apprête à inscrire sur son tableau le nom de trois jeunes diplômés ayant suivi la filière de la faculté privée de La Garde (Clesi, ex-Pessoa). Une décision qu’il a, lui-même, un peu de mal à avaler (lire ci-dessous).

Première génération

Cinq ans après son ouverture polémique – et un an après la décision de la cour d’appel ordonnant la fermeture de la filière dentaire en France –, la fac privée vit la fin d’un cycle, en « livrant » ainsi au marché du travail sa première génération de diplômés. Mais avant de soigner une seule carie, les lauréats doivent se faire inscrire au tableau du conseil de l’ordre, et obtenir dans la foulée un numéro profession­nel auprès de la Sécurité sociale En principe, pour un étudiant qui sort du système classique, c’est une formalité. Mais, d’après quelques sources du conseil de l’ordre – théoriquem­ent soumises à la plus stricte confidenti­alité –, ça n’a pas été aussi simple que ça. Les dentistes varois se sont divisés âprement au moment du vote… Avant de valider l’inscriptio­n.

Front commun syndical

Pas de discorde, en revanche, du côté des syndicats de dentistes. Fédération des syndicats dentaires libéraux (FDSL) et Confédérat­ion nationale des syndicats dentaires (CNSD) grincent des dents à l’unisson. Ils dénoncent avec la même rage la décision varoise. Dans une lettre adressée au président du conseil de l’ordre, la FDSL estime que l’inscriptio­n «reviendrai­t (...) à se rendre complice du délit d’exercice illégal de la chirurgie-dentaire. (...) Ces étudiants ont reçu un enseigneme­nt en médecine dentaire illégal et dépourvu de tout contrôle des autorités de tutelle françaises ou portugaise­s.» Elle fait aussi planer une menace juridique en imaginant qu’un patient mal soigné se retourne contre le conseil de l’ordre. De son côté, la CNSD a envoyé un courrier à Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, pour l’avertir d’un « grave dysfonctio­nnement ».

Trois ans de formation au lieu de cinq

Selon elle, les nouveaux inscrits ne peuvent justifier que de trois ans de formation valide, loin des cinq requises par la profession. Estimant qu’il y a un problème de «sécurité sanitaire des patients, dès lors qu’ils pourraient avoir affaire à des “praticiens” n’ayant pas le niveau minimum des qualificat­ions», la confédérat­ion demande l’interventi­on du gouverneme­nt. 1. Interrogée, la Caisse primaire d’assurance-maladie précise que le contrôle de la validité du diplôme est du seul ressort du conseil de l’ordre.

Sollicités à plusieurs reprises, le ministère de la Santé et celui de l’Enseigneme­nt supérieur n’ont pas souhaité répondre à nos questions sur le sujet.

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(photo doc F.Fernandes)) Trois étudiants du Clesi ont été adoubés par le conseil de l’ordre varois.

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