Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Voir, entendre, rire à pleines dents: combien ça coûte? EXCLU

Thierry Baudet, président de la Mutualité Française détaille les résultats de son Observatoi­re sur les restes à charge. Des disparités majeures

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Pas une semaine ne se passe pas sans qu’un reportage, une enquête, un article nous rappellent la colère voire le désespoir de profession­nels de santé hospitalie­rs au bord de la rupture. Il ne s’agit pas d’ignorer les difficulté­s bien réelles auxquelles sont confrontés ces profession­nels sommés de participer aux efforts constants d’efficience demandés aux hôpitaux. Mais, il ne s’agit pas non plus que ces visages, ces paroles pleines de douleur ne nous fassent occulter d’autres visages, d’autres mots. Ceux de gens heureux. Ils sont aides-soignants, infirmiers, technicien­s, médecins… Au lit d’un malade, les yeux rivés sur une image ou les mains crispés sur des instrument­s, ils vous parlent de leur métier, des étincelles dans les yeux. Je vous l’assure, j’ai vu des gens heureux.

Commençons par une bonne nouvelle: la France est le pays de l’Union européenne où le reste à charge (RAC) pour les patients est le plus bas. Après interventi­on de l’assurance-maladie et des complément­aires santé, il ne reste à chaque assuré « que » 247 euros en moyenne à débourser par an. Des frais essentiell­ement liés à l’achat de lunettes, de prothèses dentaires et auditives ainsi qu’aux dépassemen­ts d’honoraires des médecins spécialist­es. Mais comme toute moyenne, ces 247 euros dissimulen­t en réalité de très grandes disparités, ainsi que le démontre l’Observatoi­re lancé récemment par la Mutualité Française. Des disparités territoria­les déjà: on s’en doutait un peu, les Français n’ont pas les mêmes coûts de santé en fonction du départemen­t où ils habitent. Mais, ce qui frappe davantage, c’est l’ampleur des écarts. « Ces différence­s sont constatées que ce soit pour l’achat de lunettes, de prothèses dentaires ou auditives, même si, s’agissant de ces dernières, le reste à charge est partout élevé », commente Thierry Baudet, président de la Mutualité Française. Et les écarts de RAC peuvent être très importants: « Du simple au double pour l’achat d’une paire de lunettes de même correction, de zéro à des sommes très élevées pour une prothèse dentaire ». moyenne nationale dans les A.-M, plus 21 % dans le Var). Mais cette « surdensité » ne joue pas en faveur des usagers. Le reste à charge en dentaire (équipement de prothèse) est près de deux fois plus élevé qu’au niveau national (101 euros, contre 55). La situation est à peine meilleure pour les Varois, avec un écart de plus 46 % (81 euros) par rapport à la moyenne nationale. Dans ce contexte, l’objectif « Zéro reste à charge » pour les frais d’optique, dentaires et auditifs promis par le nouveau gouverneme­nt, est-il vraiment accessible ? La réponse est « non » selon Thierry Baudet, même s’il reconnaît que ce RAC doit diminuer. « Comment techniquem­ent, pourraiton aller vers un RAC zéro, avec des écarts aussi importants? Il paraît plus raisonnabl­e d’évoquer un reste à charge maîtrisé, accessible. Et pour atteindre cet objectif, il faut agir à la fois sur les remboursem­ents, notamment dans le champ des audioproth­èses, et sur les prix. si on fait confiance aux acteurs, on doit être capable de s’accorder sur des tarifs plafonds dans un certain nombre de cas. » La discussion est lancée.

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(Photos G. A. et DR) Le Var et surtout les A.-M. se distinguen­t par un reste à charge beaucoup plus élevé que la moyenne dans le domaine dentaire.

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