Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Voir, entendre, rire à pleines dents: combien ça coûte? EXCLU
Thierry Baudet, président de la Mutualité Française détaille les résultats de son Observatoire sur les restes à charge. Des disparités majeures
Pas une semaine ne se passe pas sans qu’un reportage, une enquête, un article nous rappellent la colère voire le désespoir de professionnels de santé hospitaliers au bord de la rupture. Il ne s’agit pas d’ignorer les difficultés bien réelles auxquelles sont confrontés ces professionnels sommés de participer aux efforts constants d’efficience demandés aux hôpitaux. Mais, il ne s’agit pas non plus que ces visages, ces paroles pleines de douleur ne nous fassent occulter d’autres visages, d’autres mots. Ceux de gens heureux. Ils sont aides-soignants, infirmiers, techniciens, médecins… Au lit d’un malade, les yeux rivés sur une image ou les mains crispés sur des instruments, ils vous parlent de leur métier, des étincelles dans les yeux. Je vous l’assure, j’ai vu des gens heureux.
Commençons par une bonne nouvelle: la France est le pays de l’Union européenne où le reste à charge (RAC) pour les patients est le plus bas. Après intervention de l’assurance-maladie et des complémentaires santé, il ne reste à chaque assuré « que » 247 euros en moyenne à débourser par an. Des frais essentiellement liés à l’achat de lunettes, de prothèses dentaires et auditives ainsi qu’aux dépassements d’honoraires des médecins spécialistes. Mais comme toute moyenne, ces 247 euros dissimulent en réalité de très grandes disparités, ainsi que le démontre l’Observatoire lancé récemment par la Mutualité Française. Des disparités territoriales déjà: on s’en doutait un peu, les Français n’ont pas les mêmes coûts de santé en fonction du département où ils habitent. Mais, ce qui frappe davantage, c’est l’ampleur des écarts. « Ces différences sont constatées que ce soit pour l’achat de lunettes, de prothèses dentaires ou auditives, même si, s’agissant de ces dernières, le reste à charge est partout élevé », commente Thierry Baudet, président de la Mutualité Française. Et les écarts de RAC peuvent être très importants: « Du simple au double pour l’achat d’une paire de lunettes de même correction, de zéro à des sommes très élevées pour une prothèse dentaire ». moyenne nationale dans les A.-M, plus 21 % dans le Var). Mais cette « surdensité » ne joue pas en faveur des usagers. Le reste à charge en dentaire (équipement de prothèse) est près de deux fois plus élevé qu’au niveau national (101 euros, contre 55). La situation est à peine meilleure pour les Varois, avec un écart de plus 46 % (81 euros) par rapport à la moyenne nationale. Dans ce contexte, l’objectif « Zéro reste à charge » pour les frais d’optique, dentaires et auditifs promis par le nouveau gouvernement, est-il vraiment accessible ? La réponse est « non » selon Thierry Baudet, même s’il reconnaît que ce RAC doit diminuer. « Comment techniquement, pourraiton aller vers un RAC zéro, avec des écarts aussi importants? Il paraît plus raisonnable d’évoquer un reste à charge maîtrisé, accessible. Et pour atteindre cet objectif, il faut agir à la fois sur les remboursements, notamment dans le champ des audioprothèses, et sur les prix. si on fait confiance aux acteurs, on doit être capable de s’accorder sur des tarifs plafonds dans un certain nombre de cas. » La discussion est lancée.