Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Les Toulonnais se sabordent
Les Rouge et Noir ont mené largement au score avant de cumuler les fautes et d’offrir des cadeaux à une formation de Bordeaux-Bègles qui n’en demandait pas tant
E(E st-ce Toulon qui a perdu cette rencontre, ou est-ce Bordeaux-Bègles qui l’a gagnée ? A cette question, Manny Edmonds l’entraîneur des troisquarts toulonnais répond avec justesse : « C’est un peu les deux ». En effet, après une très bonne première période au cours de laquelle les Rouge et Noir se sont montrés appliqués en défense, bons en conquête avec quelques mêlées et touches adverses gagnées, pragmatiques dans la gestion de jeu, ces derniers ont bêtement lâché prise. Face à une formation de Bordeaux-Bègles retrouvée lors du deuxième acte, les Varois se sont dispersés. Un match dure quatre-vingts minutes et une fois encore le RCT a connu un sérieux trou d’air, rédhibitoire face à la qualité d’une équipe emmenée par Baptiste, serein comme jamais. Pourtant tout avait très (trop ?) bien commencé pour la bande à Basta. Un Tuisova bien lancé à cinq mètres de l’en-but marquait en puissance après le travail de sape de ses avants et une cavale préalable de Trinh-Duc. Un peu plus tard, le bulldozer Fidjien se montrait inspiré, en optant pour un ballon au pied idéalement dosé pour Kruger. Après trente minutes de jeu, le RCT menait de quinze points faisant preuve tout à la fois de puissance, d’opportunisme et même de talent. Le rythme soutenu était au rendezvous, comme Radradra qui, pour sa première, fit bien le peu qu’il eut à faire.
Le tournant du match, un maul assassin
Face aux hommes de Brunel visiblement dépassés à ce momentlà, le RCT menait le bal face à des adversaires qui n’avaient rien de danseuses. Et allaient le prouver. L’UBB manquait alors d’engagement et se montrait maladroite, à l’image de Hickey, qui a laissé dix points au pied sur deux transformations et deux pénalités dans ses cordes. Dur, dur pour celui qui était le meilleur buteur du Top 14 jusqu’à ce jour. Les Rouge et Noir se sont-ils vus trop beaux trop tôt ? Tous, à commencer par leur capitaine, s’en défendaient. « On ne peut s’en prendre qu’à nous-même. On tenait le match… et au final, on ne le tenait pas si bien que ça » . Mathieu Bastareaud faisait référence à l’entame de la deuxième période catastrophique avec deux pénalités concédées et trois enavant consécutifs. Des signes annonciateurs d’un revirement complet en faveur des partenaires de Marais. Le tournant du match se produisait à la cinquantième minute. Un jeu au pied approximatif, une pénaltouche en suivant et un groupé pénétrant assassin sur près de trente mètres. Résultat des courses, ou plutôt de l’avancée des « gros » : un essai de pénalité, un carton jaune pour Delboulbès, un grand coup sur la tête pour tous ses coéquipiers et des Girondins, subitement, regonflés à bloc. Il n’en fallait pas plus pour que Toulon perde le fil du match et rende des munitions en veux-tu en-voilà. Houston, la tête chercheuse, servait de rampe de lancement, Dubié, lancé comme une fusée, marquait en coin, avant qu’Hickey ne devance Pïetersen suite à un coup de pied à suivre. Quatre essais d’un côté et 27 points concédés, contre trois petits points de l’autre pour Trinh-Duc, par ailleurs auteur d’un très bon 6/7 ; c’en était trop. Toulon venait de payer au prix fort sa nouvelle infériorité numérique. Les hommes de Galthié, en se débarrassant trop vite et facilement des bons ballons à jouer, peuvent nourrir des regrets. Et ce n’est pas le point de bonus défensif, toujours précieux, qui peut les consoler, au vu du scénario de cette rencontre renversante. Cet échec n’est pas la meilleure façon d’aborder l’Europe, même si un technicien toulonnais rappelait : « On apprend toujours plus dans la défaite ». Acceptons en l’augure.