Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Des vignes face aux incendies ?
À La Londe et à Bormes-les-Mimosas, où plus de hectares de forêt ont brûlé cet été sur l’ensemble des deux communes, on n’écarte aucune piste afin de trouver des solutions pour combattre ces sinistres dévastateurs. Transformer une partie de ces zones forestières en zones agricoles ? C’est ce que propose François de Canson, le maire de La Londe, où hectares de forêt sont partis en fumée dans la nuit du au septembre. Son projet, en concertation avec la commune borméenne, vise d’abord à rassembler les instances concernées, afin « d’analyser le parcours du feu et trouver des propriétaires agricoles qui créeraient une zone test en plantant des vignes et des oliveraies sur des secteurs très précis ». Lui estime que « cela coûterait bien moins cher que de dépenser des millions dans le débroussaillement». Mais tout n’est pas si simple : « Il faut déjà qu’on ait l’autorisation de l’État pour déclasser ces zones naturelles en zones agricoles », tempère François Arizzi, le maire de Bormes. Les vignes font-elles réellement office de pare-feu en cas d’incendie ? «L’intérêt principal de cette idée, recadre François Pimont, ingénieur de recherche à l’Inra, membre de l’équipe physique et écologie du feu, c’est de réduire la biomasse du combustible, car la garrigue a une puissance de feu très importante. »
Et les chênes verts ou blancs truffés ?
Le chercheur met en évidence la particularité des forêts méditerranéennes qui sont composées principalement d’aiguilles, de feuilles, ou de rameaux fins. «C’est ce qui brûle le plus et libère beaucoup d’énergie au moment du passage du feu », précise le spécialiste. « Pour limiter la progression du feu, résume François Pimont, il faut réduire cette biomasse combustible en la rendant discontinue dans l’espace. » Sans carburant, le feu ne progresse plus. « Si l’on remplace la végétation naturelle par des vignes ou des vergers bien désherbés, ça créera des zones dans lesquelles la propagation du feu sera moins intense. » Puis, comme le rappelle l’ingénieur de l’Inra, « le passage d’un front de feu, c’est un stress très ponctuel qui ne dure qu’une à deux minutes ». Autrement dit, le cep de vigne n’a pas vraiment le temps de brûler. Surtout s’il est bien entretenu. D’autres espèces peuvent aussi faire office de coupe-feu. Comme les chênes verts ou blancs truffés : « En général, ils sont bien entretenus, car les propriétaires ont les moyens de s’occuper de leurs sousbois et donc il y a peu de litière au sol.» Pareil pour les châtaigniers qui ont « peu de sous-bois et sont connus pour ne pas brûler très fort ». Mais certains préfèrent aussi miser sur les oliveraies. Leur avantage ? « Les oliviers sont plus hauts que les ceps, et donc le vent au sol est beaucoup plus faible », ce qui permet de ralentir la propagation des flammes.