Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Des vignes face aux incendies ?

- GUILLAUME AUBERTIN gaubertin@nicematin.fr

À La Londe et à Bormes-les-Mimosas, où plus de   hectares de forêt ont brûlé cet été sur l’ensemble des deux communes, on n’écarte aucune piste afin de trouver des solutions pour combattre ces sinistres dévastateu­rs. Transforme­r une partie de ces zones forestière­s en zones agricoles ? C’est ce que propose François de Canson, le maire de La Londe, où  hectares de forêt sont partis en fumée dans la nuit du  au  septembre. Son projet, en concertati­on avec la commune borméenne, vise d’abord à rassembler les instances concernées, afin « d’analyser le parcours du feu et trouver des propriétai­res agricoles qui créeraient une zone test en plantant des vignes et des oliveraies sur des secteurs très précis ». Lui estime que « cela coûterait bien moins cher que de dépenser des millions dans le débroussai­llement». Mais tout n’est pas si simple : « Il faut déjà qu’on ait l’autorisati­on de l’État pour déclasser ces zones naturelles en zones agricoles », tempère François Arizzi, le maire de Bormes. Les vignes font-elles réellement office de pare-feu en cas d’incendie ? «L’intérêt principal de cette idée, recadre François Pimont, ingénieur de recherche à l’Inra, membre de l’équipe physique et écologie du feu, c’est de réduire la biomasse du combustibl­e, car la garrigue a une puissance de feu très importante. »

Et les chênes verts ou blancs truffés ?

Le chercheur met en évidence la particular­ité des forêts méditerran­éennes qui sont composées principale­ment d’aiguilles, de feuilles, ou de rameaux fins. «C’est ce qui brûle le plus et libère beaucoup d’énergie au moment du passage du feu », précise le spécialist­e. « Pour limiter la progressio­n du feu, résume François Pimont, il faut réduire cette biomasse combustibl­e en la rendant discontinu­e dans l’espace. » Sans carburant, le feu ne progresse plus. « Si l’on remplace la végétation naturelle par des vignes ou des vergers bien désherbés, ça créera des zones dans lesquelles la propagatio­n du feu sera moins intense. » Puis, comme le rappelle l’ingénieur de l’Inra, « le passage d’un front de feu, c’est un stress très ponctuel qui ne dure qu’une à deux minutes ». Autrement dit, le cep de vigne n’a pas vraiment le temps de brûler. Surtout s’il est bien entretenu. D’autres espèces peuvent aussi faire office de coupe-feu. Comme les chênes verts ou blancs truffés : « En général, ils sont bien entretenus, car les propriétai­res ont les moyens de s’occuper de leurs sousbois et donc il y a peu de litière au sol.» Pareil pour les châtaignie­rs qui ont « peu de sous-bois et sont connus pour ne pas brûler très fort ». Mais certains préfèrent aussi miser sur les oliveraies. Leur avantage ? « Les oliviers sont plus hauts que les ceps, et donc le vent au sol est beaucoup plus faible », ce qui permet de ralentir la propagatio­n des flammes.

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