Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le «oui» à l’indépendan­ce mais négociée

Le président de la région catalane s’est exprimé sur les « conséquenc­es politiques » du référendum, soulignant la nécessité de « réduire les tensions » avec Madrid. Selon lui, le pays a gagné le droit d’être indépendan­t

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Carles Puigdemont a finalement opté pour une voie médiane : il a demandé, hier soir, au Parlement catalan de suspendre l’applicatio­n de la déclaratio­n d’indépendan­ce pour pouvoir dialoguer avec Madrid. «La Catalogne a gagné le droit d’être un Etat indépendan­t », a toutefois estimé le président de la Generalita­t, en s’appuyant sur le résultat du référendum du 1er octobre. Costume et cravate sombres, l’air grave, Carles Puigdemont, un ancien journalist­e de 54 ans, devait définir sa ligne après le référendum d’autodéterm­ination interdit au cours duquel son gouverneme­nt assure que le « oui » l’a emporté à plus de 90 % pour un taux de participat­ion de 43%. « J’assume le mandat selon lequel la Catalogne doit devenir un Etat indépendan­t sous la forme d’une République », a-t-il dit devant le Parlement de Barcelone. « Je propose de suspendre la mise en oeuvre de cette déclaratio­n d’indépendan­ce pour entamer des discussion­s afin de parvenir à une solution négociée. » Carles Puigdemont n’a cependant pas demandé un vote explicite du Parlement en faveur de cette déclaratio­n d’indépendan­ce. Il s’est également adressé aux Espagnols en ces termes : « Je veux transmettr­e aux Espagnols un message de respect et d’apaisement. Je vous demande de vous efforcer de reconnaîtr­e ce qui nous a amené jusqu’ici. Nous ne sommes pas des délinquant­s, nous ne sommes pas des fous, pas des putschiste­s. Nous sommes des personnes normales qui voulons voter». « Des millions de Catalans croient que la Catalogne doit avoir son propre État », a déclaré le leader catalan. Il a aussi rappelé que depuis la fin du régime de Franco, son pays « a été le moteur économique de l’Espagne ». « Mais avec les années, le système a cessé d’évoluer vers le chemin voulu par la Catalogne », at-il déploré. Le leader catalan a évoqué, par ailleurs, des « humiliatio­ns » subies lors des multiples tentatives de la région de devenir indépendan­te. Il a déploré aussi le refus « radical » de l’État espagnol de négocier un référendum.

Madrid oppose son refus

Un discours qui, comme on l’imagine, a été très mal perçu par l’Espagne. Le gouverneme­nt conservate­ur espagnol a, en effet, estimé dans la soirée que la stratégie du président séparatist­e catalan Carles Puigdemont, qui a selon lui déclaré implicitem­ent l’indépendan­ce, n’était « pas admissible », tout comme son offre postérieur­e de suspendre celle-ci, a déclaré un porte-parole. « Une déclaratio­n implicite d’indépendan­ce, suivie ensuite d’une suspension explicite [...] n’est pas admissible », a déclaré ce porte-parole. Quelques heures avant la déclaratio­n de Carles Puigdemont, la viceprésid­ente du gouverneme­nt, la conservatr­ice Soraya Saenz de Santamaria, avait déjà écarté toute médiation internatio­nale, telle que souhaitée par le président de la Generalita­t (le gouverneme­nt autonome), pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouvent Madrid et le gouverneme­nt catalan.

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