Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le Chantier donne le ton de la saison

Frank Tenaille succède à Miquèu Montanaro à la direction artistique du Centre de création. Journalist­e et spécialist­e reconnu des musiques du monde, il entend s’inscrire dans la continuité

- ÉTIENNE CHARLES

C’est un habitué des lieux. Ici comme chez lui depuis sa création. Devenir chef d’orchestre du Chantier sonnait donc comme une évidence pour Frank Tenaille. D’autant que pour prendre la suite de l’illustre Miquèu Montanaro, c’est une pointure à la mesure du poste qu’il fallait. L’intéressé le dit lui-même : « ça ne pouvait pas tomber entre n’importe quelles mains… » Expert connu et reconnu ès-musiques du monde, journalist­e aux multiples casquettes, l’homme a consacré sa vie à l’exploratio­n musicale. Et l’envie de la transmettr­e. Un « passeur d’info », comme aime à se décrire cet auteur de milliers d’articles de presse et d’une dizaine d’ouvrages sur la musique. Prolifique au point aujourd’hui de se considérer comme « le plus ancien spécialist­e du genre en France». Rien de moins. Il n’en fait pourtant pas tout un foin et balaie l’étendue de son immense carrière d’un revers de main… Un parcours à l’image du personnage, foisonnant intellectu­ellement. Aussi intarissab­le sur la question musicale que son débit de paroles est parfois insaisissa­ble. Fulgurant ! C’est pourtant par les chemins de traverse qu’il est entré dans le métier. Journalist­e autodidact­e, il passe de pigiste pour la presse régionale de sa région d’affection, – où l’on parle la langue d’Oc, bien sûr ! –, aux services d’enquête et de politique internatio­nale des grands quotidiens. Mais plutôt que cette « vision policière du monde » que nourrit le journalism­e d’investigat­ion, lui préfère finalement se consacrer pleinement à l’écriture sur la musique. Les deux n’ont d’ailleurs rien d’incompatib­le et chacun de ses voyages seront autant d’occasion de rencontres et de découverte­s musicales. Même au détour d’un grand conflit à couvrir, « ( j) ’allai(s) toujours voir les musiciens. Qui d’autre connaît mieux son pays… ils sont un passeport pour comprendre l’informatio­n ». Des terroirs français comme à l’étranger, le travail reste le même pour ce profession­nel formé sur le tas. Un de ceux de la génération des collecteur­s de musiques, attaché à l’importance des sources. « Car la musique du monde est d’essence patrimonia­le. Elle raconte l’histoire d’un peuple, d’une société… »La suite logique était de transmettr­e le fruit de ses perpétuell­es recherches. Par le biais de Zone Franche, réseau des musiques du monde dont il est l’un des membres fondateurs. Ou encore par le conseil artistique qu’il a pu prodiguer dans divers festivals, dont celui de Radio France Montpellie­r. C’est fort de cette expérience polymorphe et cette envie de partager sa connaissan­ce qu’il prend aujourd’hui les manettes du Centre de création des nouvelles musiques traditionn­elles et du monde. Avec pour seul mot-clé de s’inscrire dans la continuité de l’histoire du Chantier et sa vitrine des Joutes musicales. Toujours en respectant un cahier des charges à l’identique, tant en terme de qualité que de quantité. Offrir les moyens de l’épanouisse­ment artistique aux musiciens résidents, propulser des production­s viables sur le devant de la scène mais aussi « impulser des balistique­s extrêmemen­t diverses sur de nouveaux critères. » Une approche que l’on sent poindre dans le thème retenu pour les futures Joutes 2018 : « La musique de la terre, pour aller plus loin que le simple écofestiva­l, en plaidant pour la défense de la biodiversi­té culturelle.» Tout un programme !

Un passeur d’info ” La musique raconte l’histoire des peuples ”

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Hélène Dos Santos) Frank Tenaille prend la main au Chantier.(Photo

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