Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Florence Portelli : «Attachée aux idées de Philippe Séguin»
La seule femme candidate à la présidence de LR défend un projet qui associe le libéralisme de François Fillon à la vision plus sociale de son mentor. Elle réclame un débat avec ses adversaires
Face à Laurent Wauquiez, Daniel Fasquelle et Maël de Calan, Florence Portelli, 39 ans, est la seule femme en course pour la présidence des Républicains. Maire de Taverny (Val-d’Oise) depuis 2014 et conseillère régionale d’Ile-deFrance depuis 2015, elle a surtout commencé à se faire connaître en étant l’une des porte-parole de François Fillon. La fille de l’ex-sénateur et universitaire Hugues Portelli et nièce du magistrat Serge Portelli a réuni plus de 5 000 parrainages, dont celui du maire de Cannes, David Lisnard. Elle revendique de marier la vision libérale de François Fillon avec celle plus sociale de son modèle, Philippe Séguin.
Avoir été la porte-parole de François Fillon, est-ce votre boulet aujourd’hui ? Pas du tout. Je suis fière d’avoir été sa porte-parole, parce qu’il était celui qui avait le meilleur programme. Le peuple de droite s’était d’ailleurs rangé avec élan derrière ce programme. Je suis fière de l’avoir soutenu jusqu’au bout, alors que d’autres n’ont pas été très loyaux. J’assume.
Hormis pour Laurent Wauquiez, on a jusqu’ici un peu de mal à distinguer la singularité des trois autres candidats à la présidence de LR. Quel est votre projet ? Déjà, si tout le monde n’était pas obsédé par le projet de Laurent Wauquiez, peutêtre que ceux des autres seraient plus lisibles. Moi, en tout cas, contrairement à lui, je ne bâtis pas mon projet au gré de la météo, il ne change pas. J’ai toujours été attachée aux idées de Philippe Séguin, dans la perspective de réduire la fracture sociale et la fracture territoriale. Ça, c’est au coeur de mon projet, avec évidemment la refonte du parti, puisqu’on concourt avant tout pour moderniser notre parti. Cela passe par beaucoup moins de verticalité, plus d’autonomie pour les fédérations, des responsables jeunes élus démocratiquement dans les départements, des pôles juridiques pour permettre à nos élus d’opposition de formuler des recours contre les maires quand ils font des irrégularités, des bureaux politiques décentralisés. Je veux aussi remettre au coeur du parti la méritocratie, pour qu’on arrête de fonctionner par écuries, par cooptation ou par copinage. Sur le fond, nous devons nous détacher du calendrier électoral et prendre enfin le temps de définir notre ligne, notamment en matière européenne. Je veux donc reprendre les fondamentaux qui figuraient dans le programme de François Fillon, en y ajoutant une composante sociale et territoriale, et en traitant aussi de sujets que la droite a depuis trop longtemps abandonnés à la gauche : je voudrais qu’il y ait une écologie de droite, qu’on parle de culture… On ne peut pas parler de lutte contre le terrorisme sans parler dans le même temps de culture et d’éducation.
Vous voulez donc réduire les fractures territoriales et sociales. De quelle manière ? Je vous rappelle en préambule que c’est une élection à la présidence du parti. Contrairement à d’autres, je ne suis pas candidate à l’élection présidentielle. Cela étant, Emmanuel Macron veut renforcer le pouvoir des métropoles et cela risque de tuer les zones périphériques et rurales. Il y a tout un travail à mener sur ce sujet pour éviter les fractures territoriales et sociales. Il faut aussi lutter contre la disparition des services publics et culturels dans les zones reculées, chez les déclassés. Je veux, en outre, oeuvrer contre la paupérisation des classes moyennes, proposer des politiques qui soient davantage axées sur le quotient familial. Quelle différence, au final, entre votre droite fière et la droite forte de Laurent Wauquiez ? Je ne sais pas ce qu’est la France forte de Laurent Wauquiez. C’est quelqu’un de très intelligent mais qui a beaucoup changé. Je ne vois pas ce qu’il porte de manière continue. Pour ma part, ma ligne n’a jamais varié. J’assume le programme libéral en matière économique de François Fillon, la fermeté en matière de sécurité et d’immigration, mais j’y ajoute des composantes fondamentales, sociales, territoriales, culturelles, ainsi que la volonté de placer la droite en pointe sur les questions ayant trait à l’écologie.
Vous avez écrit à vos trois concurrents pour que soit organisé un débat entre vous. Des réponses ? Pas encore. Certains semblent frileux à l’idée d’un débat... Quand on est fier de ce que l’on est, on doit pourtant avoir envie de débattre avec ses amis mais néanmoins concurrents.
Certains vous présentent comme une nouvelle Morano, incontrôlable et dézingueuse… Je trouve cela profondément misogyne. Je n’ai rien contre Nadine Morano… Et je n’ai rien d’incontrôlable. Quand j’entends cela, je me dis que les femmes ont encore un grand combat à mener.