Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Danielle Darrieux : on la croyait immortelle

Monstre sacré du cinéma français, l’actrice aux 150 rôles s’est éteinte dans l’Eure à l’âge de 100 ans

- PHILIPPE DUPUY phdupuy@nicematin.fr

Elle était née un 1er mai, jour de la Fête du travail, ce qui ne cessait de la faire sourire, elle qui n’avait jamais cessé de travailler et totalisait plus de 150 films et pièces de théâtre en quelque 80 ans de carrière. Danielle Darrieux s’est éteinte le 17 octobre à son domicile de Bois-le-Roi dans l’Eure. Elle avait fêté ses 100 ans en mai dernier et elle est partie comme elle a vécu: avec élégance et légèreté. Son sourire légendaire s’est effacé, mais elle restera au panthéon du cinéma français comme l’une de ses plus grandes actrices. Des rôles de ravissante ingénue de ses débuts (Le Bal de Wilhelm Thielen en 1931), à ceux de grand-mère facétieuse de ses derniers films (8 Femmes de François Ozon en 2002, Pièce montée de Denys Granier-Deferre, son dernier film en 2010), Danielle Darrieux a traversé 80 ans de cinéma avec une grâce qui ne se s’est jamais fanée. Archétype de la beauté classique dans sa jeunesse ( «Une foudre ! », selon Paul Vecchiali qui dit avoit fait du cinéma à cause d’elle), elle était devenue avec l’âge un modèle de « bien vieillir ».

Filmograph­ie prestigieu­se

On se souvient l’avoir rencontrée pour la dernière fois en 2002, pour la promotion de 8 Femmes, le film de François Ozon, et avoir pensé, à l’époque, qu’elle était la plus jeune et la plus belle de l’incroyable casting féminin de ce film. Sa filmograph­ie n’est pas seulement longue, elle est aussi prestigieu­se avec des sommets comme Mayerling (1936), Madame de (1953), Le Rouge et le noir (1954), Pot Bouille (1957), Marie Octobre (1959) ou Les Demoiselle­s de Rochefort (1967). Danielle Darrieux a été l’inoubliabl­e partenaire de Jean Marais dans Ruy Blas (1948) de Charles Boyer dans La Ronde (1951), de Jean Gabin dans La Vérité sur Bébé Donge (1953) ou de Gérard Philipe (dans Le Rouge et le noir avec lequel elle formait le couple romantique le plus parfait qui se puisse imaginer.

Une « fille » nommée Catherine Deneuve

Après avoir conquis Hollywood, elle triompha à Broadway en 1971 dans une comédie musicale sur Coco Chanel. De retour à Paris, on l’applaudira dans Domino (1970), Adorable Julia (1987) ou Harold et Maude (1995). En 2003, sa performanc­e dans Oscar et la dame rose d’Éric-Emmanuel Schmitt , lui vaut un Molière. «C’est la seule femme qui m’empêche d’avoir peur de vieillir», disait d’elle Catherine Deneuve, qui fut quatre fois sa « fille » au cinéma . A force de bien vieillir, on l’avait cru immortelle. Grâce à ses films, elle le sera.

Newspapers in French

Newspapers from France