Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Nouveau palier
Une société ouest-varoise développe un caisson de décompression pliable pour sauver la vie des plongeurs. Un produit qui intéresse la Marine nationale.
Tech Plus, c’est quoi ? Créée en , la petite entreprise bandolaise Tech Plus est aujourd’hui un des leaders européens du caisson hyperbare, de l’étude du produit à sa conception, jusqu’à l’installation et la maintenance. Au Val d’Aran, on retrouve ses bureaux et un atelier, tandis que sa ligne de fabrication est basée au Portugal. A sa tête : Laurent Fréani, qui a longtemps travaillé comme responsable sur les plates-formes pétrolières pour la Comex, entreprise marseillaise pionnière de la plongée profonde. « J’ai assisté à des accidents terribles, nous confie-t-il. Les plongeurs en saturation prenaient des risques énormes. Ça m’a marqué. »Ce n’est pas un hasard si Tech Plus a fait de l’oxygénothérapie hyperbare son credo.
Qu’est-ce qu’un caisson hyperbare ? C’est une installation étanche, au sein de laquelle un ou plusieurs patients sont exposés à une pression supérieure à la pression atmosphérique. L’intérêt est principalement d’accroître l’oxygénation des tissus. Lors du traitement hyperbare, un médicament, le plus souvent un gaz thérapeutique (air médical, oxygène ou mélange), est administré via un masque. Le traitement est en général supervisé depuis l’extérieur de l’enceinte. Dans la plupart des cas, il s’agit de traiter des accidents de plongée, mais pas seulement (voir ci-dessous).
Quelles sont les particularités d’Oracle ? Alors qu’un caisson hyperbare peut peser de à tonnes pour les plus imposants, Oracle, prototype développé depuis deux ans par Tech Plus, n’excède pas kg. Et pour cause : en fait de métal, c’est du tissu ultrarésistant qui forme l’enveloppe de l’enceinte. « Ses propriétés physiques et mécaniques sont secrètes », sourit Laurent Fréani, qui n’hésite pas à parler d’un « produit révolutionnaire » pour décrire Oracle. Autre de ses particularités - celle qui le différencie de ses rares concurrents à l’international : il peut accueillir un médecin en plus du patient grâce à un accès facilité par un sas d’entrée. Enfin, il est parfaitement pliable et rentre dans une (grande) valise !
L’armée est-elle vraiment intéressée ? En fait, c’est même elle qui a formulé cette demande à Tech Plus, nous explique Laurent Fréani. « C’est la rencontre d’un innovateur et d’un industriel », résume le chef d’entreprise. L’innovateur étant le docteur Jean-Michel Pontier, spécialiste en médecine hyperbare du Service de santé des armées, qui rêvait depuis longtemps d’un tel produit pour, notamment, les nageurs de combat ou les plongeurs démineurs. C’est toutefois après avoir « beaucoup réfléchi » que la société bandolaise a relevé le gant. « Si on avait tous les ingrédients pour faire le gâteau, on savait aussi que développer ce caisson allait coûter dans les euros… » Mais pourrait rapporter gros si le ministère de la Défense venait à signer le chèque pour l’acquisition d’un ou plusieurs joujoux. « On a a senti un indéniable engouement… » assure Laurent Fréani. Après avoir reçu un prix de l’innovation à la Sorbonne (), Oracle a finalement été présenté à Balard, au « Pentagone français ». Là, le docteur Pontier a su retenir l’attention de la ministre des Armées Florence Parly (voir photo ci-dessous). De bon augure ?
Pour quelle application militaire ? Pas besoin d’être devin pour comprendre l’utilité d’Oracle, caisson en format réduit, pliable, silencieux et transportable facilement. Bref, idéal pour certains bâtiments particulièrement étroits de la Marine. On pense évidemment aux sous-marins, d’où les nageurs de combat peuvent être amenés à intervenir. Mais les plongeurs démineurs, souvent dispersés aux quatre coins du monde, dans des zones isolées, nourrissent aussi ce type de besoin opérationnel. Si cela fonctionne, ce ne serait en tout cas pas la première fois que Tech Plus passe un marché avec l’armée française ou celles des pays « amis ». Et sans doute pas la dernière. 1. Innovation Team Best Practices 2017