Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Espagne : l’exécutif catalan bientôt sous tutelle ?
Le chef du gouvernement espagnol a annoncé samedi la destitution de l’exécutif catalan de Carles Puigdemont et la convocation d’élections régionales dans les six mois, afin de reprendre le contrôle de la Catalogne, au bord de la sécession. Invoquant l’article 155 de la Constitution, jamais encore utilisé, Mariano Rajoy a demandé au Sénat de lui confier la faculté de dissoudre le parlement catalan. Il demande aussi que le gouvernement catalan présidé par Carles Puigdemont soit démis de ses fonctions, qui seront exercées « en principe par les ministères (nationaux) aussi longtemps que durera cette situation exceptionnelle ». Le détail des mesures montre que Madrid veut prendre toutes les manettes de l’administration de la région, depuis la police autonome jusqu’à la radio et la télévision publiques, et mettre le parlement régional sous tutelle.
Manifestation à Barcelone
Ces mesures devraient être approuvées d’ici le 27 octobre au Sénat, où le parti de M. Rajoy est majoritaire. Il s’est assuré de plus de l’appui du parti socialiste (PSOE), principale force d’opposition, C’était le premier entretien télévisé d’Emmanuel Macron depuis son élection à la présidence de la République. La forme était de qualité : enfin un homme politique qui ne truffe pas son propos de « heu » intempestifs, de fautes de syntaxe itératives, de facilités langagières destinées à établir une fausse proximité. Il y eut bien quelques petites erreurs d’accord mais largement rattrapées par un champ lexical raffiné qui ne se refusait pas quelques raretés surannées. La gestuelle est maintenant maîtrisée, la tessiture de la voix s’est stabilisée dans le medium et n’enregistre plus ces dérapages adolescents vers l’aigu. Pas de doute, le coach vocal qui a suivi le candidat-président a bien fait son métier ! Sur le fond, on retiendra qu’Emmanuel Macron a réfuté que la théorie du « ruissellement » soit à l’origine de sa politique fiscale d’allégement de l’impôt sur la fortune. Cette théorie voudrait que les revenus des riches soient finalement réinjectés dans l’économie par la consommation ou l’investissement et par là, créent de l’emploi, profitant ainsi aux plus pauvres. C’est cette théorie qui a été mise en oeuvre par Ronald Reagan et Margaret Thatcher pour justifier les baisses massives d’impôts et des centristes de Ciudadanos. La réaction ne s’est pas fait attendre, avec des concerts de casseroles dans plusieurs quartiers de Barcelone. Dans l’après-midi, M. Puigdemont a pris la tête d’une grande manifestation, convoquée à l’origine pour réclamer la libération de deux leaders indépendantistes emprisonnés pour sédition. 450 000 Catalans, selon la police municipale, sont descendus dans les rues, criant « liberté »et« indépendance ». Le regard de Roselyne Bachelot sur l’actualité pour les plus fortunés. Les résultats de ces politiques sont maintenant connus : creusement massif des déficits et démantèlement des services publics. Même les ultralibéraux les plus extrémistes n’osent plus s’y référer. Si les économies britannique et américaine ont pu prospérer pendant ces périodes, c’est par d’autres mécanismes liés à la flexibilité du marché du travail et aux moindres charges pesant sur les entreprises. Le président de la République s’est donc justifié par le concept du « premier de cordée », cet acteur de l’économie qui, par son intelligence, sa créativité, son audace, est créateur de richesse pour tous et à qui il conviendrait de ne pas « jeter des pierres ». C’est bien là que le raisonnement pèche fondamentalement. Car les « premiers de cordée » sont précisément ceux qui vont trinquer : les patrons de PME et tout spécialement de start-up, les cadres, les chercheurs, les professions libérales, les artisans, les commerçants. Ceux qui paient l’ISF continueront de le payer, puisque leur patrimoine est généralement constitué par de l’immobilier. Pour eux, pas de dégrèvement de la taxe d’habitation ou de compensation de l’augmentation de la CSG. L’inévitable augmentation des impôts locaux les touchera de plein fouet et la perspective d’une mise sous condition de ressources aggravée des aides Dans un discours hier soir, Carles Puigdemont a dénoncé les décisions du gouvernement, estimant qu’il se plaçait « hors de l’Etat de droit. Je demanderai au parlement qu’il convoque une séance plénière ». Le FC Barcelone a, de son côté, dit soutenir « les institutions démocratiques de Catalogne choisies par ses citoyens ».« Nous voulons exprimer notre soutien et notre solidarité à l’égard de tous les secteurs affectés », a déclaré le président du club de football.
aux familles n’a rien de réjouissant. Contrairement à ce qu’avancent JeanLuc Mélenchon et consorts, les plus modestes tireront profit des dispositifs complexes imaginés par le gouvernement. Mais à terme, le risque est grand que les forces vives de l’innovation et du goût du risque soient gagnées par le découragement et la tentation de l’expatriation. C’est une véritable bérézina que vient d’enregistrer Philippe Martinez, buté sur une stratégie perdante de manifestations réitérées. Les manifestants désabusés sont aujourd’hui une poignée à défiler et font peine à voir. Les partenaires de la CGT se mettent aux abris, de la CFDT à Force Ouvrière, et n’ont aucune volonté de jouer les seconds violons dans l’orchestre du Titanic. Jean-Luc Mélenchon, qui s’était fait fort de jeter un million de personnes sur les Champs-Elysées, fait profil bas. Pour ce dernier, à défaut d’être d’accord avec lui, je vous recommande sa savoureuse interview dans le remarquable hebdomadaire Le . Les références historiques et littéraires en font un délice et le titre vous met en joie. Parlant de son mouvement, La France Insoumise, il assure qu’il n’est ni horizontal, ni vertical, mais gazeux ! Tout s’éclaire … Décidément, cette semaine a été celle des come-back télévisuels. Après Emmanuel Macron, nous attendions avec curiosité et un brin de sadisme l’Emission politique de Marine Le Pen sur France . Comment s’était-elle remise de l’humiliation subie lors du débat de l’entre deux tours de la présidentielle ? Comment s’était passée la rupture avec celui que les méchantes
langues présentaient comme son gourou, Florian Philippot ? Comment vivait-elle de se voir préférée sa nièce Marion Maréchal dans le coeur de ses militants ? Avait-elle enfin choisi entre la ligne identitaire et le néo-populisme social ? Avait-elle trouvé les processus viables de sortie de l’euro ? C’était quasiment une interrogation compassionnelle qui me venait à l’esprit comme celle que l’on pose à un convalescent : vous allez mieux ? Hé bien non, cela ne va pas bien pour la présidente du Front national. C’est une femme brisée et dévitalisée qui s’est présentée devant les caméras. La pugnace Léa Salamé avait remisé son glaive tant il est contreproductif médiatiquement de s’acharner sur un interlocuteur trop affaibli. Les expressions des lieutenants installés en fond de décor cachaient mal leur consternation et leur malaise. Mais ce qui est encore plus étonnant est que madame Le Pen n’a rien appris de ce qui l’a fondamentalement fait chuter lors de la joute présidentielle qui l’a opposée à Emmanuel Macron, à savoir qu’elle ne travaille pas ses dossiers et qu’elle n’est au niveau ni de ses ambitions ni de ses propositions. D’ailleurs, elle-même semblait s’en rendre compte et dans son regard passait comme une immense lassitude qui disait mieux que des paroles la vanité de son combat et la tentation du renoncement. L’abdication à laquelle Marine Le Pen elle-même aspire est donc inexorable. La succession est ouverte et les trompes de l’hallali ne devraient plus tarder de sonner. Cette semaine a été marquée par le tsunami émotionnel et médiatique initié par la révélation des turpitudes du producteur américain Harvey Weinstein. Ces crimes n’étaient pas le
fait d’un prédateur isolé au pays des gentils bisounours. Non, ils relèvent d’une « culture » du viol et de l’asservissement du corps des femmes qui sévit avec plus ou moins de brutalité sur l’ensemble de la planète, y compris dans les pays les plus avancés en matière d’égalité entre les sexes. Les militantes qui depuis des décennies luttent contre les violences faites aux femmes se mobilisaient jusqu’alors dans l’indifférence générale quand ce n’était pas dans le déni ou la moquerie. Les chiffres pourtant sont là : seulement % des viols déclarés donnent lieu à des procédures judiciaires et % à des condamnations. Chacune d’entre nous a été la victime de harcèlements, de brimades, d’injures à caractère sexuel. Une journaliste a lancé une campagne sur Twitter avec le hashtag BalanceTonPorc et la polémique déclenchée a été à la mesure du succès de l’interpellation. Des milliers de femmes qui n’avaient pas osé signaler à leur famille, leur hiérarchie ou mieux à la police, les violences dont elles étaient l’objet ont porté ces faits sur la place publique. On peut comprendre les justes réticences de ceux qui s’inquiètent d’une dictature de l’opinion, des possibilités de dénonciations calomnieuses, de la quasi impunité dont jouissent les réseaux sociaux en cas de diffamation, du principe ainsi bafoué de la présomption d’innocence. Ces risques sont réels et on ne saurait trop conseiller aux victimes de porter ces accusations devant la justice, seule instance habilitée à les traiter. Mais comme à chaque fois qu’une injustice abominable a été commise, le retour de balancier est terrible et il emportera probablement des innocents. Ils paieront sans doute pour tous ceux qui se sont faits complices par lâcheté, conformisme ou indifférence de délits et de crimes qui s’étalaient pourtant au grand jour.