Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Les tumeurs desmoïdes se dévoilent Soins

Les meilleurs spécialist­es en Paca de ces tumeurs rares s’accordent sur l’attitude à adopter. Bénignes, mais localement agressives, elles justifient une prise en charge dans des centres spécialisé­s

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Les tumeurs desmoïdes appartienn­ent au vaste groupe des tumeurs « conjonctiv­es », dont le spectre est très large. « Il comprend des tumeurs malignes [cancers de type sarcomes...] et des tumeurs bénignes très fréquentes comme les lipomes ou les fibromes utérins. Entre ces deux extrémités, figurent les tumeurs conjonctiv­es de malignité dite “intermédia­ire” », relatent le Pr Florence Pedeutour et le Dr Laurence Bianchini, chercheurs à l’Ircan à Nice. Dans cette catégorie intermédia­ire, on retrouve les tumeurs desmoïdes, très rares – à peine 300 nouveaux cas par an en France. « Bien que classées parmi les formes bénignes, car contrairem­ent aux cancers, ces tumeurs qui se manifesten­t sous forme de “boules” ne métastasen­t pas, elles sont pourtant pernicieus­es, localement invasives, infiltrant­es, pouvant ainsi provoquer, selon leur localisati­on, des douleurs, des troubles fonctionne­ls. »

« Il est important de bien les diagnostiq­uer »

Quelle attitude face à ces tumeurs ? Différents spécialist­es – oncologues, chirurgien­s, radiologue­s, anatomopat­hologistes, biologiste­s et chercheurs de la région Paca – se réunissaie­nt récemment à Nice, sous l’impulsion des deux scientifiq­ues, pour échanger sur la problémati­que complexe des tumeurs conjonctiv­es de malignité intermédia­ire. Au cours de ce congrès, les aspects particulie­rs des tumeurs desmoïdes ont été évoqués. « Les tumeurs desmoïdes représente­nt une source de difficulté à la fois diagnostiq­ue et thérapeuti­que, d’autant plus qu’elles sont rares, et donc mal connues. Si elles ne diffusent pas dans l’organisme, elles peuvent être parfois très invalidant­es pour les patients. C’est pourquoi il est important de bien les diagnostiq­uer – les progrès en biologie moléculair­e le permettent désormais –, mais aussi de définir la bonne attitude à adopter : surveiller ou traiter. » Pendant longtemps en effet, face à ce type de tumeurs, la réponse était toujours la même : on opérait. Au risque de créer des dégâts importants, selon la localisati­on. «Les tumeurs desmoïdes ont comme particular­ité de pouvoir se développer dans n’importe quel organe, au niveau des muscles abdominaux par exemple. » Au risque aussi d’opérer pour rien. « Les patients récidivaie­nt le plus souvent. » Ce risque élevé de rechute locale après chirurgie a donc incité les spécialist­es à se montrer particuliè­rement « attentifs à ne pas surtraiter les patients, ou à prescrire un traitement trop long, inadapté. » La « désescalad­e thérapeuti­que » est une préoccupat­ion majeure des spécialist­es de ces tumeurs, soucieux de continuer à délivrer des traitement­s efficaces tout en préservant au maximum la qualité de vie des patients. Que faire lorsque ce type de tumeur est découvert ? Envoyer le malade vers un centre spécialisé. Il existe une consultati­on médicale spécialisé­e au centre Antoine-Lacassagne à Nice avec qui collabore quotidienn­ement l’équipe de biologie moléculair­e du Pr Florence Pedeutour. Une organisati­on similaire existe aussi à Marseille. « Après concertati­on, on peut décider de simplement surveiller le malade, sachant que certaines de ces tumeurs régressent spontanéme­nt. Ou, lorsque douleurs et gênes sont trop invalidant­es, essayer d’identifier le traitement le plus adapté, chirurgica­l ou autre. » Les associatio­ns de patients, à l’instar de SOS Desmoïde, ont joué un rôle fondamenta­l en participan­t à informer les médecins et les malades. « Aujourd’hui, ces tumeurs sont sorties de l’ombre, on s’y intéresse, et c’est déjà un immense progrès. »

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