Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Morgane Solignac, une chanteuse sur la bonne voix

La Celle Tout juste âgée de 18 ans, Morgane Solignac vient d’intégrer le conservato­ire d’Aix en parallèle de ses études. Une aubaine pour la soprano, qui continue d’explorer le genre lyrique

- PROPOS RECUEILLIS PAR VICTOR TILLET

Nous l’avions rencontrée «hâtive d’aller sur scène» à la veille du concert d’Amir le 2 octobre dernier à Aix-en-Provence, dont elle assurait la première partie. Devant les 700 spectateur­s de la salle du Bois de l’Aune, Morgane Solignac a livré une prestation fournie avec cinq titres interprété­s. Une expérience enrichissa­nte pour la jeune chanteuse qui combine plusieurs casquettes vocales, et un emploi du temps universita­ire bien chargé.

Comment avez-vous vécu cette première partie d’Amir ? C’était vraiment bien. Le public était formidable et à fond, même s’il n’était pas venu pour moi. Il y avait environ  personnes, c’est bien.

 personnes ça motive... Oui d’autant plus que le premier rang était très proche de la scène, ça renvoie beaucoup d’énergie, et permet de bien communier avec le public.

Vous avez pu rencontrer la star du jour ? Oui je voulais une photo avec Amir. Il était adorable, et m’a fait de beaux compliment­s sur ma prestation. Et je me suis régalée pendant son show.

La variété, c’est votre spécialité ? J’aime beaucoup ça, mais mon vrai domaine, c’est le lyrique, le chant d’opéra.

C’est un genre peu courant pour une jeune chanteuse C’est vrai que peu s’y destinent à  ans, et on est dans une société qui aime beaucoup la variété. Mais c’est un réel plaisir de chanter du lyrique. Ceci dit, c’est un genre où le chant est exagéré, très prenant, et souvent dans une autre langue. Je comprends que ce soit dur d’en écouter  heures de suite.

Comment es-tu arrivée dans le lyrique ? J’ai commencé à aimer ça vers  ans, mais on m’a dit que j’étais trop jeune, que la voix n’était pas encore faite. Aujourd’hui encore elle n’est pas totalement faite, mais si je suis soprano. La voix est un instrument étrange, qui se fixe plus tard chez les filles, et peut varier selon notre état.

C’est un genre plus exigeant ? Oui, il faut être sur la mesure à la perfection, un aspect difficile pour moi qui avait des problèmes de rythme, ce que je corrige avec le solfège. Et le français est peut-être la langue la plus dure, elle roule moins bien que l’italien. Par exemple, il faut appuyer les « r » pour bien les entendre au loin. Quel style de chanteuse es-tu ? J’aime les chansons à texte, avec des émotions comme les retrouvail­les, la nostalgie. Par exemple, j’aime Back to black d’Amy Winehouse, qui raconte la détresse, l’envie de suicide, ou encore Une mère de Lynda Lemay, une chanson qui met à nu quiconque l’écoute.

Quelle est la spécificit­é du lyrique ? Le lyrique, ce sont des vibrations qui traversent tout le corps. On ne chante pas qu’avec la bouche, mais aussi ses orteils, ses bras, son regard. On nous fait travailler le langage corporel pour se mettre dans la peau d’un personnage.

Ça s’apparente à du théâtre... C’est ça. Dans la variété, il faut aussi vivre ses chansons, mais je suis simplement Morgane. Dans le lyrique, je mets une touche de Morgane, mais je suis une servante machiavéli­que, ou un narrateur qui parle de sa vie antérieure...

Pour assurer tout ça il faut prendre soin de sa gorge ? Il faut prendre beaucoup de précaution­s mais ce sont des habitudes à prendre. Par exemple éviter le coca, les sucreries, les produits acidifiés. On me traite de petite vieille parfois ! Et bien entendu éviter l’alcool et la cigarette, mais je ne fume pas donc tout va bien.

La chanson te tient donc vraiment à coeur... Chanter c’est comme une drogue, j’en ai besoin. Je chantonne tous les jours, et je suis incapable de ne pas me laisser aller à chanter. À tel point qu’une fois dans ma résidence étudiante, je chantais un peu fort sous la douche, et j’ai entendu un “ta gu...” venant de la chambre d’à côté, car l’isolation n’était pas top ! Mais c’était plus comique qu’autre chose.

Justement question études où en êtes-vous ? Je suis en première année de fac d’anglais à Aix-enProvence. À côté du chant, j’aimerais aussi être professeur d’anglais, c’est une langue que j’aime beaucoup. Et en parallèle, je suis aussi au conservato­ire d’Aix pour travailler sur la technique de chant.

Ce n’est pas trop dur de tout gérer à la fois ? Ce n’est pas facile, mais ça nous montre la vraie vie, qu’il n’y aura pas toujours quelqu’un derrière nous. Il y a beaucoup d’exigence pendant les cours, on sent qu’il va y avoir du tri. Mais j’ai besoin que le niveau soit élevé, car à la base je n’ai pas un niveau énorme. Ça m’aide à donner le meilleur de moi-même.

Le lyrique, ce sont des vibrations. On ne chante pas qu’avec la bouche, mais aussi ses orteils, ses bras, son regard. ”

Le soutien de la famille est d’autant plus important ? Oui ça compte. Ils sont toujours là pour moi, et me disent ce que je dois améliorer. C’est parfois dur d’entendre les critiques mais c’est nécessaire. J’aime revenir à La Celle, ça fait du bien de quitter sa petite chambre d’étudiante pour retrouver père, mère et soeur.

Comment vois-tu ton avenir ? J’ai prévu ma vie sur cinq ans : trois années de fac, avec le conservato­ire, puis préparer un Capes via un master. Et après ce serait de faire un grand voyage, pour pouvoir profiter et renforcer l’anglais.

Et musicaleme­nt ? Continuer le lyrique, et refaire peut-être du piano. Pour la variété, je travaille parfois pour René Moulinet, qui tient l’associatio­n d’Adrien, dont le but est de rassembler des fonds pour créer une structure pour les enfants handicapés, et dont je suis une des chanteuses marraines.

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(Photo Gilbert Rinaudo) La jeune Celloise, Morgane Solignac, est passionnée de chant lyrique.
 ?? (Photo DR) ?? Morgane Solignac a pu échanger avec Amir après le concert.
(Photo DR) Morgane Solignac a pu échanger avec Amir après le concert.

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