Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Que faire?

Ce week-end, une parcelle à l’extérieur du village a été le théâtre d’une rave party. Les propriétai­res, les autorités et le maire se sont sentis abandonnés par l’État face à l’arrivée des raveurs, qui eux, dénoncent les refus systématiq­ues à leur demande

- VICTOR TILLET

Ce week-end, des centaines de teufeurs ont investi un terrain privé : la neuvième rave party en un an dans le coin selon le maire. Les riverains sont excédés. Les ravers leur opposent l’absence de lieu dédié.

Il y a plus de mille personnes, la musique est violente et forte, on ne peut pas dormir la nuit. J’habite à moins de 400 mètres, mes vitres ont tremblé vers 4h du matin. Et quand ils partiront, qui nettoiera ? » Hier, Pierre Restegue était désabusé. Ce père de famille est l’un des trois propriétai­res des parcelles sur lesquelles une rave party, un rassemblem­ent de fête organisé autour de musiques électroniq­ues, a débuté vendredi soir dernier. Depuis, des centaines de raveurs (fêtards) ont afflué sur le site, sans autorisati­on légale des propriétai­res et des services de l’État. Face à la situation, riverains et pouvoir publics sont dépassés et sans solution.

Impuissant­s

En début d’après-midi hier, l’affluence dépassait le millier de participan­ts. Selon les organisate­urs, et les propriétai­res de parcelles, on était « plus proche des 2000 personnes », tandis que les gendarmes présents à l’entrée du site estimaient « environ 1000 ravers ». De quoi provoquer des nuisances pour les riverains. « Des gens se plaignent du bruit depuis BrueAuriac, ce n’est pas normal. Et il faut voir l’état lamentable des terrains, c’est une porcherie. Et certains roulent sur des champs en culture, où est le respect ? », s’irritait Pierre Restegue. Maire de La Verdière, Hervé Chatard avouait son impuissanc­e : « C’est la neuvième rave depuis le début de l’année ici. Quand il arrive des centaines de personnes, nous ne pouvons rien faire. Face à cela, j’ai un agent de surveillan­ce de la voie publique et deux gendarmes sont postés à l’entrée du site sans autorisati­on de rentrer pour faire cesser la fête. Ils ont pris le pouvoir, ils ont le nombre. Je suis abandonné par l’État. » Par ailleurs professeur de sport au collège à Vinon-, il regrette : « Certains jeunes, dont l’organisate­ur, sont d’anciens élèves. J’ai vraiment beaucoup de peine quand je les vois comme ça, dans cet état. »

Des procédures judiciaire­s lancées

Sur le site du rassemblem­ent, des véhicules étaient garés sauvagemen­t, et ce jusqu’au bord de la route départemen­tale 30 en direction de Rians. Les déchets jonchaient le sol, et des participan­ts étaient dispersés aux alentours. Une situation inacceptab­le pour les riverains qui ont saisi la justice. Avocat d’un des propriétai­res de parcelle, Maître Sevillia annonce : « Mon client a porté plainte pour nuisances sonores, dégradatio­n de terrain et violation de propriété. Il a tenté d’empêcher l’accès aux fêtards qui ont forcé le passage avec leurs camions. J’ai fait une requête en référé liberté sur le tribunal administra­tif de Toulon pour que le juge ordonne l’évacuation du site, et que le préfet prenne un arrêté d’interdicti­on de la rave party, qui n’a pas été entendue. L’impunité doit cesser. » Pierre Restegue a également déposé plainte pour les mêmes motifs. Tout comme le maire qui a déposé une plainte au nom de la commune dont il est « le responsabl­e ». En fin d’après-midi, la musique avait été arrêtée suite à une négociatio­n entre le maire et les organisate­urs. À 19 heures, Hervé Chatard confirmait que « tout était fini, et que les participan­ts quittaient les lieux dans le calme ». En attendant désormais les décisions de la justice.

Ils ont pris le pouvoir, ils ont le nombre. Je suis abandonné par l’État ”

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Plusieurs centaines de personnes ont investi des terrains pourtant propriétés privées situées le long de la route départemen­tale  à proximité de La Verdière.

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