Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Et l’étain s’allume

Valérie Cetani a appris le métier auprès de son père. Maître artisan, elle est détentrice d’un savoir-faire en voie d’extinction en France

- Texte : G. LEVA, gleva@varmatin.com Photos : Hélène Dos Santos

« Je voulais créer quelque chose. Ça me plaisait. J’ai toujours été très manuelle. » Valérie Cetani a naturellem­ent suivi les traces de son père Jean Debuisson, potier d’étain autodidact­e. Sans passer par une école spécialisé­e. «J’avais un maître à mes côtés. J’ai appris avec lui pendant cinq ans. Après, j’ai continué toute seule. » La maître artisan, âgée de 47 ans, officie depuis plus de vingt ans dans son atelier à Carcès sur la route du lac. Et se sent aujourd’hui bien seule en France à représente­r ce métier d’art. « Il y avait 1 500 potiers d’étain au XVIIIe siècle. Aujourd’hui, je dois être la dernière. A notre époque, c’est très dur pour en vivre. » Beaucoup se sont reconverti­s « dans les comptoirs ».

Apprentiss­age musclé

La Carçoise, quant à elle, a persisté, captivée depuis toute petite par le travail de son papa. Particuliè­rement au tout début «par la coulée. Ça marque tous les gosses. C’est magique. Vous fondez le métal, vous le coulez dans le moule. Et puis la pièce est faite. Enfin presque (sourire) ». De la magie au labeur, le pas a été franchi avec force morale et physique. « Au début, j’ai galéré. On se fait les muscles. Ce métier s’apprend en pratiquant. C’est très sensitif. Mon père a été strict au cours de mon apprentiss­age. » La jeune fille, alors âgée d’une vingtaine d’années, ne se décourage pas. « A chaque fois que l’on réussit un truc on est content. Ça motive. » Des années de pratique plus tard. « Après ça fait partie de vous. Je ne vois plus la difficulté. »

Esprit créatif

Elle porte depuis une attention particuliè­re à la création. « C’est venu au fur et à mesure. On imagine un modèle. On le fabrique. On commence par une idée et on finit par une autre. J’essaye de moderniser les pièces, de les faire plus fines. » Les standards de vaisselle des siècles passés sont ainsi dépoussiér­és. Luminaires et objets déco sont créés de ses mains à l’instar de bijoux, ossatures en étain, avec « des pierres naturelles». Sur les présentoir­s dans son antre sont également exposées les réalisatio­ns de ses « copains artisans ». Valérie Cetani cultive son savoir-faire et défend sa matière première, l’étain qu’elle mélange avec de l’argent. « Il n’est pas nocif et s’oxyde très peu à l’air. Son aspect est brillant. Son reflet est doux. »

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Après avoir repris l’atelier de son père, Valérie Cetani est l’une des dernières potières d’étain de France. Elle est la gardienne d’un savoir-faire d’exception menacé d’extinction.
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