Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Deux voyous niçois refont surface au tribunal de Toulon
Les frères Menaï, 47 et 50 ans, n’avaient plus fait parler d’eux depuis leur sortie de prison. L’un en 2012, l’autre en 2013. Les deux Azuréens comparaissaient aux côtés d’un Varois, vendredi à Toulon, pour s’expliquer sur un projet d’extorsion de fonds rocambolesque. Ce sont les enquêteurs de la police judiciaire (PJ) de Toulon qui avaient fait capoter le complot. Le 15 septembre 2016, alors qu’ils travaillaient sur un trafic de stupéfiants alimentant des cités varoises, les policiers avaient surpris une conversation alarmante dans la voiture « sonorisée » d’un suspect.
« Une balle dans les jambes »
Il était question de se rendre, à trois, au domicile d’un certain Christian, dans les Alpes-de-Haute-Provence, au-dessus de Vinon-sur-Verdon, pour le contraindre à se délester de 450 000 euros. « J’ai pensé lui mettre une balle vite dans les jambes », propose alors l’un des protagonistes. « La gazeuse suffit », tempère un autre. « On va lui faire son petit trou », rigole-t-on dans le Renault Captur surveillé. Devant l’imminence du projet, les filatures démarrent immédiatement entre Antibes et Nice, où se trouve le trio de malfaiteurs. Les suspects, à bord de deux véhicules, seront interceptés le 16 septembre au péage du Capitou à Fréjus.
La panoplie des braqueurs
Jean-Claude, son frère cadet Georges Menaï, ainsi qu’un certain Zakaria Azzouzi, 32 ans, sont interpellés. Les policiers saisissent deux pistolets automatiques, des chargeurs approvisionnés en munitions, des téléphones portables, des gants, une chaussette de bras (permettant d’arborer un faux tatouage), deux lots de colliers de serrage… La perquisition menée au domicile niçois de Georges Menaï a aussi été fructueuse : une arme de poing, des munitions, des puces de téléphones et quelques liasses de billets (48 000 euros). « Ça servait à quoi tout ça ? », a demandé le tribunal. « À rien du tout, on m’a demandé de garder un sac… » Les frères Menaï réfutent toute velléité criminelle : « Si on n’avait pas croisé la route de M. Azzouzi, on ne serait pas devant vous .» Zakaria Azzouzi a reconnu avoir contacté les frères Menaï pour leur parler du magot – planqué dans un placard – de Christian B., après avoir surpris une conversation à ce sujet dans un bar. «On en a parlé, mais c’était de la rigolade, on s’est vanté pour faire les marioles », justifie Georges Menaï, condamné à douze ans de réclusion, en 2009 à Nice, pour une série de braquages commis en Suisse, dans l’est-Var et dans les Alpes-Maritimes. Et les deux frères d’assurer que s’ils se rendaient dans les Alpes-de-Haute-Provence, c’était pour rendre visite à leur père. Dès lors, le doute est permis, a plaidé Me Lionel Moroni pour Georges Menaï. « Si on avait des certitudes, il n’y avait pas besoin de les suivre, il n’y avait qu’à les attendre chez Christian B. » Sur la même ligne : « Il y a eu des idées, mais elles n’ont donné suite à rien », a souligné Me Bernard Sivan, avocat historique de Jean-Claude Menaï.
Le fin mot de l’histoire
Aux intérêts de « l’apporteur d’affaire » (qui comparaissait libre), Me Christophe Hernandez a insisté sur le casier vierge de son client, ses garanties de réinsertion et un enfant à naître dans son couple. « La détention provisoire a été une chance, il s’est relevé.» Le tribunal l’a condamné à quatre ans de prison, dont deux avec sursis. Jean-Claude Menaï écope de cinq ans, son frère Georges de six ans (le parquet en avait demandé douze). Le tribunal a par ailleurs attribué l’un des véhicules saisis à la PJ de Toulon. Enfin, il faut savoir que la victime ciblée dans les Alpes-de-Haute-Provence ne possédait pas la somme convoitée. «J’ai inventé le chiffre de 450 000 euros pour attirer l’attention des frères Menaï », a expliqué Zakaria Azzouzi.