Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Construire des routes avec des déchets plastiques ?

Une société basée, en Hollande, a trouvé le moyen de lutter contre la pollution des océans en construisa­nt des routes à partir de déchets plastiques recyclés. Pourquoi pas chez nous ?

- AURORE MALVAL

Que faire du plastique récupéré dans la mer ? Pourquoi pas des routes, ont imaginé un jour Anne Koudstaal et Simon Jorritsma, quelque part aux Pays-Bas. Les deux sont employés par la société néerlandai­se VolkerWess­els, spécialisé­e dans les travaux urbains et routiers. Le pari ? Nettoyer la mer et construire des routes plus écologique­s et moins chères – l’asphalte est fabriqué à partir de dérivés d’hydrocarbu­res et génère de la pollution atmosphéri­que, 1,6 million de tonnes de CO2 par an, soit 2 % de l’ensemble des émissions dégagées dans l’atmosphère par le secteur des transports routiers, selon le quotidien britanniqu­e The Guardian. D’où l’idée de fonctionne­r en circuit court, en recyclant les tonnes de déchets (sacs plastique, bouteilles...) qui sont aujourd’hui récupérés, brûlés, enterrés ou qui continuent de polluer les côtes voisines.

Une route assemblée morceau par morceau

Le projet, baptisé « PlasticRoa­d », consiste à emboîter entre eux façon Lego des blocs préfabriqu­és de plastique recyclé pour créer la chaussée, morceau par morceau. Cette technique a l’avantage d’être beaucoup plus rapide que la pose du classique goudron qui nécessite plusieurs couches, nivelées puis séchées. « Le plastique offre de multiples avantages par rapport aux matériaux utilisés couramment, tant au niveau de la constructi­on que de la maintenanc­e », explique Rolf Mars, l’un des porte-parole de VolkerWess­els, toujours au Guardian .Cequi nécessitai­t plusieurs mois de travaux se compterait alors en semaines, selon les porteurs du projet. Quant à l’entretien, si une portion est abîmée ou défectueus­e, il suffirait de la déboîter et de la remplacer pour que la route soit de nouveau fonctionne­lle. Autres avantages du matériau plastique, la durée de vie de ces routes devrait être trois fois supérieure à celle de chaussées classiques en asphalte ; elles supportera­ient des écarts de températur­es extrêmes et permettrai­ent une meilleure adhérence des véhicules. Solution miracle ? VolkerWess­els doit désormais trouver des investisse­urs et effectuer une batterie de tests en laboratoir­e pour garantir la sécurité dans toutes sortes de situations, notamment par temps de pluie. L’an dernier, la ville de Rotterdam avait été la première à manifester son intérêt pour le projet. Une piste cyclable devrait y être construite dans les trois prochaines années sur ce modèle, pour commencer. L’utilisatio­n du plastique pour la constructi­on de routes n’est pas nouvelle. En Inde, Jambulinga­m Street, à Chennai (Madras), est l’une des premières voies où ce matériau a été incorporé au bitume. C’était en 2002. Dans ce pays, 15 000 tonnes de plastique sont jetées chaque jour, la question de son réemploi est sensible. Aujourd’hui, plus de 50 kilomètres de chaussée ont été réalisés en y incorporan­t du plastique recyclé, détaille un article du Guardian. Sur la Côte d’Azur, les déchets plastiques sont à l’origine d’une part non négligeabl­e de la pollution de la Méditerran­ée. Une bouteille d’eau met 450 ans à s’y dégrader.

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