Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Toulon: le fugitif avait tiré sur lamèrede ses enfants

Cinq ans de huis clos familial avaient rendu Mario Matteucci nerveux et violent. Un soir de dispute il avait tiré sur sa compagne. Les assises le jugent pour tentative de meurtre aggravé

- G. D.

Devant le juge d’instructio­n, Mario Matteucci, un Toulonnais de 28 ans, avait un temps prétendu que le coup de pistolet, qui avait bien failli tuer sa compagne le soir du 22 octobre 2015àToulo­n, était parti sans qu’il le veuille. Hier devant la cour d’assises du Var, à l’ouverture de son procès pour tentative de meurtre sur conjoint, qui lui fait encourir la perpétuité, le jeune homme était dans une logique d’aveu complet. « Vous ne dites plus que le coup est parti tout seul, et vous ne contestez plus l’intention de tuer » , a questionné le président François Guyon? « Non. Je n’arrivais pas à décrire cet état de nerfs qui a duré une fraction de seconde. À ce moment, je n’étais pas conscient de la mort possible pour une personne. Ce jour-là, j’ai craqué. Je n’ai pas supporté la rupture. Je n’ai réfléchi à rien du tout. Il m’a fallu deux ans d’incarcérat­ion pour redescendr­e sur terre. À ce jour, j’ai un mélange envers moimême de haine, de honte et de regrets. »

En réclusion à domicile

C’est une dispute de trop, dans un contexte de huis clos, qui a provoqué ce geste homicide.

Depuis près de cinq ans, Mario Matteucci était en cavale. Détenu en exécution de plusieurs peines pour des vols aggravés, il avait mis à profit un chantier à l’extérieur pour ne pas regagner sa prison. Il vivait depuis caché chez sa compagne Céline, dans un quartier résidentie­l de l’ouest de Toulon. Il ne sortait jamais, « même pas pour acheter le pain » . Le couple avait eu, pendant cette existence recluse, deux enfants « que je ne pouvais pas accompagne­r à l’école » . « Quand on est fugitif, on n’a plus de vie, pas de travail. J’ai cherché à compenser en créant une famille. Je comprends maintenant que chaque

fois que j’avais unmal-être, je m’en prenais à elle parce que je n’avais qu’elle en face de moi. »

Graves blessures

Le soir des faits, alors que Céline venait de lui confirmer qu’elle rompait et ne voulait plus de lui à son domicile, Mario Matteucci a sorti un pistolet9 mmet lui a tiré une balle à droite de la poitrine, à bout portant. Elle a survécu, au terme de deux mois d’hospitalis­ation, à de graves blessures qui lui ont laissé des séquelles. La cour entendra aujourd’hui psychiatre­s, psychologu­es, et témoins.

 ?? (Croquis d’audience Rémi Kerfridin) ?? Dans le box des assises, Mario Matteucci a décidé d’avouer sans réserve.
(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Dans le box des assises, Mario Matteucci a décidé d’avouer sans réserve.

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