Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Prix du tabac : la crainte d’une ruéevers l’Italie
Avec une augmentation de 30 centimes, hier, le prix du tabac ne rivalise, certes, pas tout à fait encore avec celui de l’or. Mais à 7,30 euros le paquet – d’une célèbre marque américaine, pour ne pas la nommer – qui avoisine les 20 grammes à peine, le cours de la cigarette flirte désormais avec celui de l’argent. Et ce n’est qu’un début. Car le gouvernement a annoncé son intention de faire passer à 10 euros le prix moyen du paquet de cigarettes. Prochaine augmentation en mars. Du moins en France. Car chez nos voisins transalpins l’augmentation n’a évidemment pas été répercutée. « Le prix de certaines marques vient même de baisser » , assure une Mentonnaise qui, comme beaucoup, va s’approvisionner de l’autre côté de la frontière. Les « tabaccherie » ne désemplissaient pas hier matin de clients français qui, d’un saut de puce, avaient évidemment trouvé le moyen de contourner cette nouvelle augmentation du prix du tabac en France. Et c’est bien ce qui inquiète les buralistes azuréens.
« Favoriser la contrebande »
« On va encore favoriser la
contrebande, martèle Christian Walosik, le président de la fédération Méditerranée des débitants de tabacs. Ça va faire l’affaire des réseaux mafieux et des buralistes étrangers. Ces sources d’approvisionnement représentent déjà 27 % des ventes de cigarettes en France. Et on estime qu’en 2020, si l’on passe à 10 euros, un paquet sur deux sera acheté sur le marché parallèle. Par contre, leur cancer, les fumeurs continueront à l’avoir en France. » Pour lui, l’argument de santé publique ne tient pas. Car, à l’entendre, ces hausses de prix seraient en fait inefficaces. « La vérité, assure-t-il, c’est que les gens continuent de fumer. Ils changent juste de produit, en se tournant vers la contrebande, les buralistes étrangers ou les sites internet. » « C’est l’effet coup de colère, mais il ne dure pas » , assure le Pr Charles-Hugo Marquette, responsable du service de pneumologie au CHU de Nice. « À part ceux qui habitent tout près de la frontière, les gens ne vont pas traverser le département et perdre une heure et demie pour acheter des cigarettes. » Pour ce praticien, le chiffon rouge de la contrebande agité par « le lobby de l’in
dustrie du tabac » ne tient pas. En revanche, il s’accorde avec les buralistes lorsqu’il s’agit de dire que les augmentations de prix n’ont pas forcément d’impact en matièrede santé publique… Du moins si elles sont trop modestes.
« En dessous d’ € ça ne sert à rien »
« Trente centimes ce n’est pas assez, s’insurge le Pr Marquette. Car nous savons tous qu’en dessous de 1 euro, ces augmentations n’ont pas réellement d’incidence sur le comportement des fumeurs. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les buralistes exercent une pression incroyable sur le ministère de la Santé pour que ces augmentations soient tronçonnées en petites hausses successives. »
La même recette
Ce serait complètement inefficace. Gérard Audureau, spécialistede ces questions de taxation au sein de l’association « Droits des non-fumeurs », en est également
persuadé: « La seule fois où ça a marché c’était entre 2002 et 2003 lorsque le prix du paquet de cigarette est passé de 3,5 à 5 euros en trois hausses successives espacées de six mois. En l’espace d’un an et demi, on a alors enregistré 1,3 million de fumeurs en moins dans ce pays. » Or, fait-il remarquer, c’est bel et bien la même recette que serait en train de mettre en place le gouvernement Macron. Du coupGérard Audureau l’assure: « Si le prix du paquet augmente effectivement de 1 euro en mars, alors oui, le nombre de fumeurs va baisser de 10 à 15 %.» À voir…
L’ importation de tabac est autorisée dans les limites suivantes par adulte : 4 cartouches de cigarettes, soit 800 cigarettes et pas une de plus. Que l’on peut toutefois cumuler avec les produits suivants :1 kg de tabac à rouler, 400 cigarillos, 200 cigares.