Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«Ce livre est un portrait intime de Wolinski!»

Le Georges Wolinski qui existait derrière le célèbre dessinateu­r : c’est ce que propose de faire découvrir sa veuve, Maryse Wolinski dans son dernier livre, Le goût de la belle vie (Seuil)

- PROPOS RECUEILLIS PAR SIMON FONTVIEILL­E sfontvieil­le@nicematin.fr

En 2016, Maryse Wolinski revenait, dans son ouvrage Chérie, je vais à Charlie (Seuil) sur cette journée fatale du 7 janvier 2015. Celle où Amedy Coulibaly assassine une policière municipale à Montrouge et quatre citoyens juifs à la porte de Vincennes. Celle où les frères Kouachi déciment la rédaction de Charlie Hebdo. Parmi les douze victimes, Georges Wolinski, un des fondateurs du célèbre hebdomadai­re satirique. Cette fois-ci, avec Le goût de la belle vie (Seuil), Maryse Wolinski revient sur les moments de bonheur qu’elle a vécu avec son mari, tout au long de leurs quarante-sept années de vie commune. Et livre, en pointillé, un portrait intime du caricaturi­ste…

Maryse Wolinski, ce livre, c’est une façon de surmonter l’attentat de Charlie Hebdo et la mort de votre époux ? Vous savez, il me manque terribleme­nt. Ma vie s’est, d’une certaine façon, arrêtée le  janvier . Ce livre est une véritable résilience. Je n’ai pas fait de psychanaly­se, j’ai écrit mes livres, j’ai déménagé, j’ai continué à travailler. Mais ce que j’ai essayé de dire, c’est que malgré les difficulté­s, il y a des belles choses dans la vie, et qu’il faut continuer à vivre pour elles…

Qu’est-ce que c’est « le goût de la belle vie»? C’est la vie que j’ai passée avec Georges. Avec ce livre, j’ai écrit sur le couple, mon couple. Je ne voulais pas terminer avec « Chérie, je vais à Charlie ». On avait développé un goût pour la belle vie. Lors du premier voyage que nous avons fait ensemble, en  à Milan, Georges m’a dit : « Avec toi, j’ouvre une parenthèse de bonheur. » Cette parenthèse a duré quarante-sept ans. Nous nous sommes rencontrés en , au Journal Du Dimanche, vivre avec celui qui allait devenir mon mari. Je voulais poser les belles choses de ma vie. Mon goût pour visiter des expos avec lui. Il m’expliquait ce qu’il voyait dans les oeuvres, m’aidait à comprendre ce que je ressentais. À travers ces belles choses, c’est un portrait intime de mon mari que je livre. De sa vie avec moi…

Y avait-il une différence entre le Georges Wolinski «public», ce dessinateu­r amoureux des femmes, et le Georges Wolinski « intime » ? Il avait des passions, qui aujourd’hui encore, restent pour moi des interrogat­ions. Par exemple, il aimait beaucoup les Jaguar. Lors de notre voyage en Italie, il en avait loué une rouge… Mais je ne sais pas pourquoi il aimait tant ces voitures. Il dessinait aussi beaucoup de falaises. J’en ai au moins trois cents de ces dessins… Je ne lui ai jamais demandé pourquoi il les dessinait. J’aurai encore mille questions à lui poser…

Il y a quelques jours, il y avait les commémorat­ions des attentats du Bataclan… Oui, ça me rappelle beaucoup de souvenirs… Ce sont des moments très difficiles pour moi…

Quel regard portez-vous sur cette fameuse une de Charlie sur Mahomet, qui a servi de prétexte aux terroriste­s pour attaquer le journal ? Il faut pouvoir tout dire. Mais je pense que les dirigeants de Charlie ont fait preuve d’insoucianc­e en ne mettant pas en oeuvre les recommanda­tions de la Préfecture de police, qui demandait de mettre des sas à l’entrée, des badges… J’en veux aussi au précédent gouverneme­nt, qui a retiré la voiture de police qui protégeait Charlie en invoquant les menaces pesant sur les policiers. J’ai su très récemment qu’en décembre , Georges était très, très mal. Il disait : « J’ai très peur, je suis sûr qu’on va y passer… »

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