Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le maire de Hyères fait l’objet d’une plainte pour une gifle
Jean-Pierre Giran a appris hier matin qu’il faisait l’objet d’une plainte déposée par Guillaume Lesage, directeur de cabinet du maire de Brignoles, à la suite d’une altercation survenue fin octobre à La Crau
La Crau, 27 octobre. L’Association des maires et des présidents des intercommunalités du Var (AMF 83) tient son assemblée générale à l’espace culturel Jean-Paul Maurric. Près de 150 élus locaux, représentants de l’État, experts et partenaires sont présents. Avant l’ouverture de la séance, vers 9 heures, est organisée une photo de groupe sur le parvis de la salle. Les élus prennent la pose en face de leurs collaborateurs. Guillaume Lesage, fraîchement nommé directeur de cabinet du maire de Brignoles après l’élection le 18 juillet de Didier Brémond, en remplacement de Josette Pons démissionnaire, est présent et prend des photos.
Surprise et silence
Le rang une fois rompu, le maire d’Hyères, Jean-Pierre Giran, s’approche du groupe des collaborateurs et plus particulièrement de Guillaume Lesage. Les deux hommes se connaissent pour avoir croisé le fer à Hyères lors du mandat de l’ancien maire Jacques Politi (2008-2014). Guillaume Lesage était le collaborateur du premier magistrat quand Jean-Pierre Giran siégeait dans les rangs de l’opposition. Leurs rapports étaient « inexistants », selon Lesage. Sur le parvis, le maire d’Hyères l’invective d’abord à distance, puis directement. « Si tu t’en prends encore à ma fille sur Facebook... ! », lui lance-t-il avant d’attraper le col de sa veste et de lui adresser une gifle. Cette version des faits est confirmée par Guillaume Lesage lui-même, qui précise : « Une personne nous a séparés et il est reparti aussitôt. Je ne m’y attendais pas du tout mais je suis resté calme. Il y avait le préfet, les députés, les maires et les gendarmes. Il y a eu un silence de mort... » Une semaine après l’altercation, le samedi 4 novembre, Guillaume Lesage a porté plainte à la gendarmerie de La Bayorre qui a retenu la qualification « injures publiques et violence de la part d’un dépositaire de l’autorité publique ». « Je me suis posé la question de porter plainte ou pas, mais ne rien dire, c’était accepter ce qui s’est passé et je trouve ça inacceptable », argumente le plaignant. Hier matin, Jean-Pierre Giran a reçu une convocation de la part de la gendarmerie. Il y sera auditionné la semaine prochaine.
Tout est parti de La Réunion
Mais comment en est-on arrivé là ? Quel contentieux a divisé les deux hommes ? Pourquoi le maire de l’une des plus grosses communes du Var a-t-il franchi le Rubicon ? Les réponses à ces questions se trouvent du côté de La Réunion. Lors des vacances de la Toussaint, Caroline Giran, fille et directrice de cabinet du maire d’Hyères, se rend dans l’océan Indien avec son mari et ses deux enfants. La famille a prévu de partir à la découvrir des charmes naturels du lieu. Le site d’informations locales du Journal de l’île de La Réunion, Clicanoo.re, publie un article le 24 octobre sous le titre « Un service VIP pour la fille de l’ancien président de PNF », PNF étant l’établissement des Parcs nationaux français qu’a présidé JeanPierre Giran de 2006 à 2012. Cet article indique que Caroline Giran bénéficie de la mise à disposition « d’une dizaine d’agents » du Parc national de La Réunion « pour une visite privée de cinq jours ». L’auteur de l’article rapporte également que ses enfants auraient reçu des cadeaux. Quelques jours après, Guillaume Lesage poste l’article sur son compte Facebook en extrayant entre guillemets et au conditionnel les arguments les plus compromettants. Il y ajoute un commentaire : « On est loin des discours moralistes et anti-privilèges de papa ». « J’ai partagé l’article comme beaucoup de Hyérois d’autant qu’il émane d’un journal respectable, pas d’un blog inconnu », se justifie-t-il. Si son post est de nature privée, il revient aux oreilles des Giran. Sur son compte Facebook, Caroline Giran nie les faits, faisant état d’une rencontre de quelques heures avec le président du parc, une vieille connaissance de son père, et d’une offrande de deux casquettes pour les enfants. De son côté, Jean-Pierre Giran est ulcéré, autant qu’il est meurtri par le départ forcé de sa fille avant la fin de son mandat. Validée le 8 septembre, la loi de confiance dans la vie politique et son volet qui interdit les emplois familiaux des parlementaires sont entrés en vigueur avec effet immédiat. Le sujet est très sensible pour Jean-Pierre Giran qui vit ce départ comme « un drame personnel »( Varmatin du 13 septembre). Alors, quand ce 27 octobre, le maire aperçoit Guillaume Lesage, son sang ne fait qu’un tour. Pour l’heure, celui-ci ne souhaite pas entrer dans les détails. Se disant « surpris » qu’une plainte ait été déposée à son encontre, il estime que« le problème évoqué est un problème d’ordre privé » et de préciser : « J’indiquerai lorsque les autorités compétentes me communiqueront les motifs de la plainte, ce qui s’est réellement passé. Je préciserai alors les comportements et les provocations qui ont été à l’origine de cet incident. » Ce différend privé sur fond d’incident à caractère politique laissera-t-il des traces ? Il appartient désormais aux autorités d’en décider.
Je ne m’y attendais pas mais je suis resté calme. ” Guillaume Lesage, directeur de cabinet du maire de Brignoles J’indiquerai ultérieurement ce qui s’est réellement passé. ” Jean-Pierre Giran, maire d’Hyères