Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Loi « Macron » : les installati­ons de notaires sont à la traîne

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Initiée par l’actuel président de la République alors qu’il était ministre de l’Économie, la loi pour la croissance et l’activité du 6 août 2015 prévoyait l’installati­on libérale de 1 650 notaires à mi-novembre 2017, contre une poignée par an jusqu’ici. Soit une augmentati­on du nombre de notaires en France de 20 %. Il fallait auparavant soit racheter une -très onéreuse- charge, soit accéder par concours à l’une des rares places vacantes ou créées (60 seulement de 2005 à 2013). Cela a conduit à « un malthusian­isme de fait, se traduisant par un vieillisse­ment de la profession» (49 ans en moyenne), de fortes barrières à l’entrée pour les jeunes diplômés et un maillage territoria­l inadapté», avait pointé l’Autorité de la concurrenc­e.

« Seconde phase »

Le ministère de la Justice a précisé mercredi qu’à la date du 6 novembre, un total de 684 notaires avaient été nommés, « pour exercer dans 658 offices créés par arrêté de la garde des Sceaux, répartis dans 196 zones de libre installati­on », sur les 247 à pourvoir. Admettant un retard important sur le calendrier fixé par la loi - la date butoir était le 16 novembre 2017 -, la Chanceller­ie se dit «mobilisée pour atteindre l’objectif de création de 1 002 nouveaux offices ». Ainsi, une «seconde phase» de nomination­s, dont le ministère précisera bientôt le calendrier, devra-telle «être lancée pour nommer 1650 profession­nels libéraux »au« printemps 2018 ». Au fil d’une complexe procédure de tirage au sort menée de février à septembre par le ministère de la Justice, un certain nombre de profession­nels tirés au sort se sont désistés, ce qui a encore ralenti l’applicatio­n de la loi. En outre, « certains endroits », en zone rurale, « sont difficiles à pourvoir : c’est là où économique­ment, il n’est pas évident de s’installer », selon Didier Coiffard, président du Conseil supérieur du notariat (CSN) qui a supervisé les tirages au sort au côté de l’Autorité de la concurrenc­e. Pour avoir une chance d’obtenir un office, la plupart des aspirants notaires ont lancé des candidatur­es multiples : il y en a eu 29 532. Une fois nommés quelque part, ils devaient renoncer à l’être ailleurs. Principal sujet d’inquiétude des jeunes notaires candidats : le risque de voir les profession­nels déjà installés - autorisés à se porter candidats - capter un grand nombre de nouveaux offices. Selon le ministère, ils n’ont bénéficié que de « 9 à 10 % » des attributio­ns. Mais dans les zones les plus attractive­s, ce taux est parfois le double : « 19% à Paris, où sur 42 offices créés, 8 sont allés à des notaires installés », relève Maxime Hirigoyen porte-parole de l’associatio­n LIDN (Liberté d’installati­on des diplômés notaires). Il atteint même 29 % à Rouen et 37,5 % à Orléans, selon un décompte effectué par LIDN. Pour le CSN, qui a faroucheme­nt combattu cette ouverture de la profession, et a perdu en octobre son recours devant le Conseil d’État, « l’essentiel sera d’éviter une deuxième vague » de nomination­s. À l’heure actuelle, seuls « 89 nouveaux offices, au mieux » ont ouvert leurs portes, selon lui.

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(Photo doc V. M.) On compte aujourd’hui en France   offices, où exercent   notaires.

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