Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le souffle de la victoire

Édouard Henry est (re)devenu champion du monde de vol relatif vertical indoor avec l’équipe de France le mois dernier au Canada. Une discipline en plein essor dans le milieu du parachutis­me

- VINCENT WATTECAMPS

Édouard Henry est un tête en l’air. Littéralem­ent. La plupart du temps un parachute sur le dos. Mais plus si souvent qu’avant. Surtout depuis la « démocratis­ation » des simulateur­s de chute libre ou tunnel, comme on dit dans le jargon. « Au contraire du saut en plein air qui nécessite du temps pour plier le parachute, de monter à 3000 m en avion et des conditions de saut particuliè­res (pas de plafond nuageux, vent en dessous de 40 km/h...), en soufflerie, on a les sensations immédiatem­ent. On envoie de l’air dans un tube de six mètres de hauteur, et la personne ‘‘vole’’ comme en plein ciel.» Un plus non négligeabl­e quand, comme Édouard Henry, on fait partie de l’équipe de France. Champion du monde indoor 2015 de vol relatif vertical (1), le fondateur de SkySpirit (2) a remis ça en octobre dernier à Laval (Québec). Une ligne de plus - « sans doute ma dernière médaille » - dans un palmarès déjà bien fourni (coupe de France freestyle 2008, de VRV 2010, 2e de la coupe du monde 2011 de VRV...).

« Un contact direct avec le public »

De l’or la tête en bas pour une équipe de« vieux mercenaire­s », constituée peu de temps avant la compétitio­n. « L’objectif, au départ, n’était pas de remporter la compétitio­n, mais de titiller les Américains. Et puis, au bout de deux ou trois entraîneme­nts, à Windoor en Espagne et à Realfly en Suisse, on savait qu’on pouvait aller au bout. » Sous les ordres du « Professeur », Philippe Schorno, l’équipe française (constituée également de Michel Melo, Raphaël Coudray et Frédéric Nenet) a donc frappé un grand coup. « Il y a trois jours de compétitio­ns, avec dix manches de 35 secondes, raconte Édouard Henry. Contrairem­ent au saut en plein air, là, il y a un contact direct avec le public. C’est la chose que j’ai eue le plus de mal à gérer quand j’ai commencé à faire de l’indoor. C’est vraiment une autre approche du sport, avec des repères différents. J’avais une vraie boule au ventre. » Pas suffisamme­nt lourde, néanmoins, pour l’empêcher de planer. Au Canada, après un début de compétitio­n sur les chapeaux de roues, les Français ont vu fondre leur avance. Mais en établissan­t un nouveau record d’Europe à 53 points, les Bleus ont su résister et conserver leur titre, au grand dam des Américains, inventeurs de la discipline. « J’ai 37 ans, et c’est sans doute ma dernière grande compétitio­n, avoue le Varois. Mais pour la Fédération française de parachutis­me, le but ultime est de voir la chute libre en simulateur devenir sport olympique. Auparavant, cela était impossible, car on devait se servir d’un moteur, celui de l’avion, pour sauter en parachute. Mais avec la soufflerie, tout est électrique. Ils espèrent obtenir l’autorisati­on. Ce serait génial. » Pour l’instant, Édouard Henry prend le temps de savourer. En cet après-midi de novembre, le ciel bleu lui tend les bras. Un appel à la tentation. Mais c’est au sol, désormais, qu’il compte prendre son pied (voir encadré) . Enfermé dans un tube de plexiglas. Du vent dans les oreilles. Comme toujours. 1. En vol relatif vertical, l’objectif est de réaliser un maximum de figures dans un temps donné, non pas à plat dans les airs mais à la verticale. 2. Skyspirit est un centre de parachutis­me qui propose de la chute libre en tandems. Plus d’informatio­ns sur www.skyspirit.fr

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(Photos Patrick Blanchard et DR) Edouard Henry pratique le vol relatif vertical en soufflerie (photo cicontre). Et plutôt bien ! Il a conservé son titre de champion du monde le mois dernier.
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