Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
En marche au pas !
Pendant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait eu un coup de génie : lancer la politique low cost ! En marche devenu depuis La République En Marche (LREM) était un pur produit de l’ubérisation de la société et de l’idéologie de la gratuité qui la sous-tend. En quelques mois, la formation d’Emmanuel Macron est ainsi devenue la première en France avec adhérents qui n’ont pas eu à dépenser un centime pour militer et donner un grand coup de pied dans la fourmilière politique traditionnelle. Cela s’appelait : « Faire de la politique autrement ». Un pari gagnant pour conquérir l’Elysée et, dans la foulée, obtenir une large majorité à l’Assemblée nationale. Mais, depuis la présidentielle, cette stratégie montre peu à peu ses limites. Car ce qui ne se paye pas n’engage guère. D’où ce sentiment de flottement dans le parti présidentiel. Impression aggravée par la volonté du chef de l’Etat de tout contrôler. Il est vrai que les députés LREM et le parti doivent tout à Emmanuel Macron. Sans sa victoire, cette armée d’inconnus ne l’aurait jamais emporté ensuite aux élections législatives. Un certains nombre d’entre eux, cependant, ne veulent ni le comprendre ni l’entendre, convaincus que leur talent a largement contribué à ce succès. Ainsi, à la veille du premier congrès de LREM qui se tient ce samedi à Lyon, une centaine de Marcheurs ont annoncé dans une tribune qu’ils quittaient le mouvement. Une tempête dans un verre d’eau. Néanmoins, cette porte qui claque est un symptôme de la normalisation du parti présidentiel en train de passer sous le rouleau compresseur de la Ve République. Emmanuel Macron a pu constater sous le mandat de François Hollande qu’il était indispensable de tenir les rênes courtes à sa majorité et de contrôler d’une main de fer son parti. Dans le passé, Valéry Giscard d’Estaing a vu, lui aussi, sa majorité se fracturer jusqu’à rendre impossible sa réélection en . Pas question, donc, pour le Président de commettre ces erreurs fatales. Le temps de l’originalité est donc terminé. LREM ne sera pas un laboratoire d’idées nouvelles et une formation de francs-tireurs. Emmanuel Macron a décidé d’en faire un parti classique, obéissant au doigt et à l’oeil à son chef. C’est pour cela qu’il a choisi Christophe Castaner pour en devenir aujourd’hui le délégué général. Les Marcheurs vont devenir les fantassins d’une armée avançant au seul pas présidentiel. La méthode employée pour imposer Christophe Castaner en est l’illustration. Foin de démocratie, il est le candidat à la direction de LREM, ouvertement choisi par le Président de la République. Il ne sera pas élu par l’ensemble des militants mais par un vote à main levée des membres du conseil de LREM. Pas de surprise donc sur les résultats malgré des dissidences. Comme dans la vieille politique dont les méthodes, visiblement, ne déplaisent pas toujours à Emmanuel Macron : marchez mais dans le rang !
« Il est vrai que les députés LREM et le parti doivent tout à Emmanuel Macron »