INTERVIEW

Le comédien, dont la série de France 2 a dopé la popularité, prête sa voix à un héros de manga. Il double Kôji Kabuto, créature du papa de Goldorak dans Mazinger Z Infinity, au cinéma aujourd’hui

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Adolescent, il adorait Goldorak. Aujourd’hui, c’est son petit garçon qui est très fier de dire que papa prête sa voix à un héros de manga. Cinq ans, c’est encore un peu jeune pour regarder Mazinger Z .Ilse cantonne pour l’instant à revoir en boucle La Grande Aventure Lego, où Arnaud Ducret double Emmet. Ce dernier endosse désormais le costume de Kôji Kabuto – ou Alcor –, aux commandes du plus musclé de tous les super-robots dont pourraient rêver les enfants.

Comment vous retrouvez-vous dans un deuxième film d’animation ? Peut-être que les Japonais ont vu en moi une sorte de grand robot ? Non, je ne sais pas… Mais c’est une expérience très agréable. Depuis que je suis gamin, j’adore le doublage. J’ai été bercé, jeune, par les voix de Patrick Poivey (Bruce Willis), Richard Darbois (Harrison Ford) ou Jacques Frantz (Robert de Niro, Mel Gibson). Moi, indirectement, ce sont ces gens qui m’ont fait aimer le cinéma. J’ai toujours voulu faire ça. Quand Warner Bros. m’a proposé de faire un héros dans La Grande Aventure Lego, je n’ai pas hésité une seconde. Depuis, j’ai fait aussi F is for Family ,sur Netflix, par les créateurs des Simpson. C’est génial ! Un père de famille dans les années soixante-dix. Raciste, dépassé par la vie. Le générique est bien fait : on le voit jeune, grandir, prendre du bide, perdre ses cheveux, et se dire : merde, déjà ? Et voilà, cette fois je suis dans Mazinger Z. J’ai de la chance !

Vous aimez l’univers du manga ? Mazinger Z est un véritable héros pour tout un tas de jeunes. Geeks, souvent, mais pas que. Pour énormément d’adolescents, c’est LE gros robot. Bien plus connu en France que Goldorak. Et ça, je ne le savais pas. Ce que je connaissais, moi, c’est toute la vague des années quatre-vingt, début quatre-vingt-dix. Goldorak, mais aussi Capitaine Flam, Les Chevaliers du Zodiaque… J’étais surtout un fou de X-Or. Quand il arrivait avec sa grosse combinaison chromée, waouh !

Petit, aviez-vous une âme de super-héros ? Je voulais être Michael Knight dans K  . Pour la voiture ! Et j’imitais beaucoup Arnold Schwarzenegger dans les scènes de Commando. Le scénario n’a aucun sens, mais j’aimais bien ce grand mec costaud.

En quoi consiste votre travail de comédien sur un dessin animé ? Je commence par regarder le long-métrage, il faut déjà que ça me plaise. Ensuite, je m’imprègne de la couleur, de la rythmique, et puis j’y vais. On me dit si ça convient ou pas, je m’ajuste. Ici, l’enregistrement s’est fait en une journée. Mais c’était hyper-physique. À la fin, je ne fais que hurler les attaques : c’est la marque de fabrique de Go Nagai, le créateur de Mazinger Z et Goldorak.

Et sur le plan technique ? On est dans un énorme studio, à Paris, le film est diffusé avec une image d’assez mauvaise qualité pour qu’aucune image ne fuite, et le texte se déroule. Quand la phrase se met à défiler en rouge, il faut choper la réplique en essayant de bien coller à la bouche du personnage. Parfois, on se rend compte qu’il manque un mot, ou que la rythmique n’est pas bonne. Il arrive aussi que je ne comprenne pas la blague. L’intonation est tellement éloignée qu’avec un film japonais, ce n’est jamais gagné.

Une seule journée de travail, c’est financièrement motivant ? On est très bien payés. Et c’est très agréable, aussi, de ne pas être exposé. De se mettre dans la peau d’un autre, juste par la voix. Quand j’entends Alain Chabat, Jamel Debbouze ou Élie Semoun dans d’autres dessins animés, je trouve ça formidable. Le doublage, vraiment j’adore.

(Photo Philippe Dobrowolska) « Depuis que je suis gamin, j’adore le doublage. J’ai de la chance ! »