Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Vingt ans pour l’agresseur du maire de Brignoles

Les jurés de Nice ont confirmé, hier, la sanction infligée en 2016 au braqueur de Didier Brémond, actuel maire de Brignoles, par les assises du Var. L’élu avait été séquestré à son domicile en 2014

- CHRISTOPHE PERRIN

Mohamed Elatechane, 40 ans, avait longtemps nié toute implicatio­n dans la sauvage agression de l’actuel maire de Brignoles Didier Bremond et de son épouse, la nuit du 16 février 2014 dans leur villa de Saint-Maximin. Le couple avait été attaqué dans son sommeil par un commando de quatre hommes masqués et armés. Un seul avait été arrêté. Condamné à Draguignan en première instance à vingt ans de réclusion, l’accusé, un manoeuvre des Bouches-du-Rhône, était à nouveau jugé hier à Nice en appel. Finalement, la cour d’assises des Alpes-Maritimes présidée par Patrick Veron, a confirmé hier la peine prononcée en première instance à Draguignan.

Pistolet sur la nuque

« Sa stratégie de défense a évolué, a confié Didier Bremond. Il admet aujourd’hui être le guetteur de la bande. Mais j’ai la conviction que c’est lui qui m’a brutalisé.» L’élu, député suppléant à l’époque des faits, est pudique. Il ne s’attarde pas sur les brûlures au fer à repasser qu’il a subies pour lui extorquer les codes de ses cartes bancaires. Son mollet en porte les stigmates et ses cris résonnent encore aux oreilles de son épouse, plaquée sur le lit conjugal, un pistolet sur la nuque. Tous ces souvenirs douloureux sont ravivés par ce second procès imposé par l’accusé.

« Chef de bande, chef de gang »

« La peur ne tue pas, elle empêche de vivre », a tonné Me Isabelle Colombani, conseil du couple Brémond, à l’entame de sa plaidoirie. L’avocat de la partie civile a résumé l’état d’esprit des victimes, terrorisée­s en pleine nuit pendant près d’une heure trente : « Cette agression, cette séquestrat­ion ont bouleversé leur vie [...] Ils ont dû quitter cette maison devenue leur prison. » Me Colombani a mis en garde les jurés : « Ne vous trompez pas messieurs, mesdames les jurés. Le courage est ici, la lâcheté est là-bas », pointant du doigt celui qu’elle qualifie de «chef de bande, chef de gang ». L’avocat général Solange Legras, au nom de la société, a évoqué à son tour « ce cocon familial transformé en lieu de barbarie par des malfaiteur­s aguerris ». L’accusation a requis « au moins vingt ans de réclusion», rappelant que l’accusé, déjà condamné trois fois pour des vols avec violence, encourt la perpétuité.

« Chauffeur » moderne

L’avocat général s’est attardé un instant sur ce type d’agression à domicile qui croît de 25 % par an : « Sur 18 000 cambriolag­es en 2016, il y a eu 2 900 home-jackings », a indiqué le magistrat qui compare ces attaques à celles «des chauffeurs» malfaiteur­s apparus au XVIIIe siècle, qui brûlaient les pieds de leurs victimes avec des braises. Me Bruno Rebstock, l’avocat de la défense, a regretté que son client «incarne à lui seul toute une violence collective» et rappelé que le ministère public, à Draguignan, avait demandé une peine de seize ans. Pour le pénaliste aixois, « d’autres personnes ont touché ce fer à repasser.» Un argument qui n’a pas suffi à infléchir la conviction des jurés marqués par les sévices infligés à Didier Brémond. Mohammed Elatechane a certes évoqué ses regrets, des trémolos dans la voix. Mais il est resté à leurs yeux un malfaiteur profession­nel. Son parcours judiciaire en atteste. Le mois dernier, il a été condamné à Aix-en-Provence pour un autre home-jacking à quinze ans de réclusion.

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(Photo C. Perrin) Didier Brémond, soulagé que la condamnati­on de son agresseur soit définitive.

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