Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
L’Adepape, soutien des enfants placés devenus adultes
L’association, créée en 1949, vient en aide aux jeunes issus de l’Aide sociale à l’Enfance. Hier, elle est venue à la rencontre de ses partenaires afin de mieux faire connaître ses missions
L’Association d’entraide des personnes accueillies à la Protection de l’enfance (Adepape) du Var n’est plus tout à fait une jeune fille. Du haut de ses 68 ans, cette alerte senior, qui réside à Toulon depuis sa naissance, se lance pourtant dans une campagne de reconnaissance et vient à la rencontre de ses partenaires institutionnels, estimant ne pas être aussi souvent sollicitée qu’elle le devrait. « Les enfants qui sont placés en famille sont pris en charge jusqu’à leur majorité. Ensuite, le lien administratif se brise. L’entrée dans la vie adulte est difficile pour tout le monde, mais elle l’est encore plus quand on se retrouve seul. C’est le rôle de l’Adepape : ne pas laisser ces jeunes sans guide. » Hier, une petite délégation, emmenée par Marceau Dell’Unto, qui a pris les rênes de la structure en mars dernier, tenait deux réunions d’information à la Maison des services publics de Brignoles. Accompagné des vice-présidentes Muriel Cottereau et Tatiana Zaou Nanhous, et de l’éducatrice Nelly Wooley, le jeune président avait convié les professionnels et représentants institutionnels le matin, puis des jeunes susceptibles d’être accompagnés en début d’après-midi.
adhérents en France
« L’objectif est de présenter nos missions. Nous intervenons auprès d’environ 1 400 personnes cette année, principalement des jeunes qui sortent des dispositifs d’aide à l’enfance et qui doivent faire leurs premiers pas dans la vie adulte. » Les bénéficiaires sont orientés vers l’Adepape par les services sociaux ou de justice, et suivis, pour certains, jusqu’à leurs 25 ans. Les adhérents – 220 dans le Var, 20 000 en France –, restent généralement en contact ensuite, soit pour solliciter des conseils, soit pour eux-mêmes devenir acteurs et « donner à leur tour ». L’association, dont le bureau est composé en majeure partie d’anciens bénéficiaires de l’Aide à l’enfance, a pour objectifs l’insertion « morale, sociale, professionnelle et culturelle ».
« Pas un portefeuille »
Pour y parvenir, elle déploie de nombreux services, tous basés sur l’accompagnement. « Nous ne sommes pas un portefeuille, destiné uniquement à financer », rappellent les intervenants. Structure indépendante des services publics l’Adepape est gérée, depuis 1992, par des personnes ayant elles-mêmes bénéficié de ses services. « Nous avons vécu les mêmes situations, et comprenons donc les questionnements. Nous accueillons sans juger et sans regard sur le passé. Ce qui nous intéresse, c’est le futur, les projets. Le soutien est financier, souvent, mais aussi et surtout humain. Nous ne sommes pas là pour réaliser vos projets à votre place, mais pour vous donner les outils et les conseils nécessaires pour le faire. » Un « Passeport malin », rédigé par les membres de la commission « jeunes », regroupe l’ensemble des réponses aux questions de la vie administrative courante : « se loger, se former, travailler, se soigner... » Il est notamment disponible en ligne (lien ci-dessous).
« Allez chercher ce que vous êtes vraiment »
Nelly, ancienne bénéficiaire devenue vice-présidente, a réalisé son rêve de devenir directrice de crèche, après une jeunesse chamboulée : « Dites-vous bien que tout est possible. Vous ne devez pas vous contenter d’une situation minimale. Aller chercher ce que vous voulez, ce que vous êtes vraiment. » Danielle, également ancienne bénéficiaire, la rejoint : « J’ai trouvé un soutien, un esprit fraternel. On a tissé des liens presque familiaux. Tout au long de mon projet, l’Adepape a été comme un port, toujours bienveillant. » L’association peut être sollicitée par le biais des assistants sociaux et institutions de suivi. On peut retrouver l’ensemble des dispositifs et modalités de contact sur son site web : http://adepape-var.fr/
1. L’Adepape dispose d’un budget annuel d’environ 100 000 euros, financés aux trois quarts par le Département, le reste par la Région, les agglomérations, les mairies... Dotée d’une mission de service public, les dons qui lui sont versés par les entreprises ou personnes privées sont en partie déductibles des impôts.