Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Pour le sauver de la ruine
La municipalité lance une réflexion pour sécuriser le site, cristalliser les ruines et l’ouvrir à terme au public. Un travail de longue haleine qui nécessite de mettre à contribution les partenaires techniques, administratifs et financiers.
La commune réfléchit à un plan d’actions pour renforcer les ruines de l’une des plus grandes forteresses du Var et ses imposants vestiges médiévaux.
Des pans de murs entiers en équilibre précaire, n’attendant que le coup de vent qui les mettra à terre. Des étais en bois ceintrant des voûtes et menaçant de s’effondrer sous les assauts répétés de l’humidité… le Castellas de Forcalqueiret tombe irrémédiable en ruine depuis deux décennies. Abandonné à la Renaissance, objet de pillages et du désintérêt de la population locale durant des siècles, puis en partie restauré dans les années quatre-vingt, le château médiéval n’a plus la fière allure qui lui fît traverser les siècles, immobile telle une sentinelle du haut de sa tour de guet. Chaque année qui passe altère désormais les fondements même de l’édifice. Et hypothèque les chances de le réhabiliter. Consciente de l’enjeu patrimonial et historique qu’il représente, la municipalité de Pierre Gautier a décidé de se saisir du problème. En projetant de sécuriser le site et de stopper la ruine du monument dans un premier temps, puis de le rouvrir ultérieurement au public et d’en valoriser sa dimension touristique par la communication. Un groupe travail au sein du conseil municipal, destiné à élaborer le plan d’action et suivre l’avancée du dossier, a ainsi été constitué dès le mois de juillet, sous la houlette de l’adjoint à l’entretien et à la voirie Olivier De Pablos.
Une première pierre à l’édifice
Première illustration concrète de cette initiative, la visite mardi sur site de l’élu, du conseiller municipal Alexandre Portal et des services techniques de la ville. Pour faire le tour du propriétaire auprès d’Aurélie Roblès pour le Pays d’art et d’histoire de la Provence verte, ainsi que des représentants des Bâtiments de France et du Conservatoire régional des bâtiments historique, présents ce jour « pour évoquer le lancement de l’étude technique et discuter des éléments préalables au diagnostic ». Car en matière de réhabilitation du patrimoine, les procédures administratives, techniques et contraintes financière sont relativement lourdes. Le site, inscrit à l’inventaire des monuments historiques mais propriété communale, doit ainsi faire l’objet d’une étude approfondie nécessaire au phasage des différents chantiers. Le syndicat mixte du Pays d’art et d’histoire de la Provence verte pourra alors dans ce cadre « apporter son expertise par une assistance à maîtrise d’ouvrage à la commune, comme cela a été fait sur d’autres » explique Aurélie Roblès, faisant le parallèle avec le castrum de Rougiers, « un site sensiblement de même taille et de la même époque, abandonné au même moment et tombé en ruine au fil du temps ».
Action de long terme
Des chantiers jeunes et bénévoles y avaient en l’occurrence été conduits pour réhabiliter l’édifice. Mais ici, la nécessaire « cristallisation » des ruines, pour éviter qu’elles ne se dégradent davantage, sera vraisemblablement d’une tout autre ampleur, nécessitant un chantier professionnel de haut vol. « Toutes les démarches nécessaires à la mise en oeuvre de la sauvegarde du château nécessitent des compétences d’expertise technique et vont générer des dépenses que la commune ne pourra assurer seule », rappelle Olivier De Pablos. Outre les protocoles administratifs et techniques, il sera aussi question de financer l’opération. Tous les leviers sont bons : institutionnels, collectivités, mais aussi mécénat d’entreprise ou souscription populaire, par le biais d’acteurs comme la Fondation du patrimoine. « On ne s’interdit aucune piste pour mener à bien ce projet ». L’idée est surtout de ne pas répéter les erreurs du passé : « de grands travaux de restauration avaient été menés dans les années quatre-vingt et quatre-vingtdix, mais sans vision d’ensemble, et depuis plus rien. L’édifice a été déserté et est retombé aussitôt en ruine. Il faut donc un suivi et une action de long terme pour viabiliser durablement le château auquel les gens du village sont attachés. » Une fois l’avenir du site assuré, la municipalité pourra dès lors s’engager dans la grande opération de communication et de promotion de l’une des plus grandes forteresses du Var. Et en (re)faire l’élément emblématique et incontournable de son patrimoine local.