Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Le cri d’alarme que lance une association sociale
En un an, AFL Transition a rencontré, accueilli ou suivi 6 509 femmes, ados et enfants, victimes de violence, en souffrance… Malgré sa bonne gestion reconnue, elle est proche de la rupture
Ici, la parole des femmes est protégée. De même que leur intégrité physique et celle de leurs enfants. Ici, comme en écho à l’actualité qui ressuscite le respect et l’égalité, cela fait longtemps qu’on travaille aux droits humains fondamentaux. Derrière la porte ouverte, se trouvent les professionnels de l’AFL Transition. Pourtant, même si ses actions relèvent souvent de politiques publiques, l’association est au bord de la rupture. Ni son implantation départementale, ni la reconnaissance d’une gestion rigoureuse des financements publics qu’elle reçoit ne l’ont mise à l’abri (lire ci-contre).
Existence en péril
La vérité est que l’AFL Transition fait face à un écueil financier qui met en péril son existence même. « Nous sommes organisés en missions, dont chacune est financée par un panel de partenaires, explique Nathalie Rocailleux, directrice de la structure. Sur l’accueil de jour de Toulon par exemple, nous comptons huit financeurs. » L’AFL mène 26 actions, fait vivre huit lieux physiques, a rencontré, accueilli et accompagné 6 509 personnes en 2016. Chaque action et chaque lieu ont un mode de fonctionnement et un financement propre Or, «il n’y a pas de projet bien mené, qui demande des compétences pointues, sans assurance et sans engagement sur la durée ». C’est l’ouverture d’un nouveau lieu d’accueil début 2017 à Saint-Raphaël, qui pose de grandes difficultés budgétaires. Les accueils de jour permettent de recevoir en urgence des femmes victimes de violences. Mises à l’abri (avec leurs enfants), elles peuvent s’y ressourcer, y manger, se laver, trouver l’accompagnement nécessaire pour (commencer à) évaluer la situation qu’elles vivent. « Notre projet a été retenu sur une enveloppe d’un tiers du budget total, développe Nathalie Rocailleux. Mais au bout de huit mois, les budgets attendus n’ont pas été votés. » Sur un budget prévu de 55 000 euros, seulement la moitié a été votée. « Il y a une vraie rupture de confiance, alors que nous avons besoin de stabilité. Surtout que l’accueil de jour est plein et qu’il y a un vrai besoin de territoire.»
Réunion exceptionnelle
Mais cette action n’est pas la seule à connaître des difficultés de financement. Au budget 2017, il manque 150 000 euros sur les 600 000 euros anticipés. Face au déficit, il a fallu « réduire la voilure », mais l’association reste «à la limite de la cessation de paiement ». Il lui reste deux mois de trésorerie devant elle. « Si rien ne se passe, on ferme en mars.» Dans ce contexte hypertendu, l’AFL Transition organise à Toulon une réunion exceptionnelle avec ses partenaires. Avec une seule demande: «Des conventions écrites, pluriannuelles », dans le cadre d’engagements réciproques. Pourtant les missions relèvent en partie de politiques publiques… confiées à des associations. 1. Les budgets de l’AFL Transition viennent à la fois de l’État (politique de la ville, de l’égalité entre les femmes et les hommes, prévention de la délinquance…), de la Région, du département, des communes, mais aussi de l’Agence régionale de santé, la CAF… Pourquoi une telle complexité ? Parce que chaque action est menée dans des champs différents. C’est donc le reflet de l’activité multiple de l’association.
. Portes ouvertes aux partenaires, au mécénat et aux soutiens des particuliers contre les violences faites aux femmes et aux enfants. Dans les nouveaux locaux de l’AFL Transition, quartier St-Roch, 152 avenue du Dr-Fontan à Toulon.