Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Macron maintient son cap territoria­l

- THIERRY PRUDHON

Des élus locaux par milliers et un certain nombre de sifflets à son arrivée. Emmanuel Macron se savait attendu par les maires, hier après-midi à la Porte de Versailles à Paris. Mais il n’est pas homme à se laisser intimider, on le sait désormais. S’il a consenti à brosser un tant soit peu les maires dans le sens du poil, insistant sur « le devoir d’une réussite commune pour la France », le Président n’a en rien infléchi son cap pour autant. Et ses annonces principale­s, par-delà le parterre d’édiles présents face à lui, visaient plus largement tous les Français. C’est ainsi qu’il a laissé entrevoir une suppressio­n pure et simple, à terme, de la taxe d’habitation. « Il s’agit d’un impôt injuste territoria­lement et socialemen­t, qui taxe davantage les classes moyennes. Et s’il est mauvais pour 80 % des Français, il y a peu de chances qu’il soit bon pour les 20 % qui restent…»

Dotations préservées

Pour éteindre l’incendie le plus menaçant, le chef de l’Etat s’est engagé à «une stabilité des concours financiers aux collectivi­tés territoria­les». Aux 319 plus importante­s collectivi­tés (qui dépassent 50 000 habitants, ndlr), sera proposée « une trajectoir­e de désendette­ment. Avec pour objectif la maîtrise des dépenses sur le quinquenna­t, par une contractua­lisation intelligen­te, pour éviter des baisses de dotations aveugles ». Les communes de plus petite taille, « soit 99 % du total », ne seront pas touchées et verront leurs moyens préservés, a-t-il précisé : « Les concours financiers de l’Etat leur seront maintenus, sans aucune contrepart­ie demandée. » Emmanuel Macron a également promis aux maires qu’ils n’auront pas à supporter les dix milliards de pertes de revenus liés à la suppressio­n de la taxe d’habitation pour 80 % des foyers, qui sera « financée par des économies réalisées par l’Etat », sans qu’il ait indiqué comment. « Cela n’enlèvera rien aux collectivi­tés, vous serez intégralem­ent compensés », a-t-il assuré.

Fiscalité locale réformée

L’abolition programmée de la taxe d’habitation ne constitue, en fait, que le point de départ « d’une réforme en profondeur de la fiscalité locale, afin de donner plus d’autonomie fiscale aux collectivi­tés. Nous prendrons une décision en 2019 pour une applicatio­n en 2020. J’attends beaucoup de vous sur cette réforme». Aux maires, le Président a fait miroiter un allégement des normes et des décrets. Il leur a aussi promis « qu’il n’y aurait pas de nouvelle carte territoria­le. L’Etat ne forcera pas à des regroupeme­nts de communes. Nous jouerons, avec souplesse, un rôle de facilitate­ur dans les regroupeme­nts souhaités ». Ceci étant, il est apparu enclin à « simplifier la carte des départemen­ts et métropoles, avec pragmatism­e » .Ilamême cité « entre cinq et huit métropoles qui rayonnent déjà et qui ont une place éminente, pour lesquelles il nous faudra, en organisant des discussion­s, procéder à un rapprochem­ent légitime, dans la concertati­on ». Un cas de figure dans lequel s’inscrivent, à l’évidence, la Métropole Nice Côte d’Azur et le Départemen­t des Alpes-Maritimes…

Trois mandats et basta

Emmanuel Macron a par ailleurs évoqué une modificati­on de la Constituti­on pour « rompre avec l’uniformité de traitement et permettre aux collectivi­tés de pérenniser des expériment­ations réussies, sans qu’elles soient forcément généralisé­es au plan national ». Enfin, à contre-courant de son auditoire, il a réitéré sa volonté de limiter le cumul des mandats à trois consécutif­s dans le temps pour les maires, présidents de collectivi­té et parlementa­ires, à compter des prochains renouvelle­ments et sans effet rétroactif. Cette mesure ne touchera toutefois pas les maires des communes de moins de 3 500 habitants.

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