Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Un grand brûlé survit grâce à une greffe de peau de son frère jumeau

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C’est la première fois qu’on réalise une greffe de peau entre jumeaux sur 95 % du corps », s’enthousias­me le Pr Maurice Mimoun, chef du service de chirurgie plastique et reconstruc­trice à l’hôpital Saint-Louis à Paris. Franck est admis au centre spécialisé de l’établissem­ent le 27 septembre 2016. Brûlé sur 95 % de son corps lors d’un accident du travail, il est quasiment assuré de mourir. Par chance, les médecins découvrent qu’il a un jumeau homozygote (du même oeuf). En acceptant de lui donner de sa peau, ce dernier, Éric, lui a sauvé la vie.

Une greffe qui ne sera jamais rejetée

Au total, il a subi une dizaine d’opérations, incluant greffes et interventi­ons pour exciser la peau brûlée, toxique pour l’organisme, note le Pr Mimoun. Le patient est sorti du centre de brûlés de l’hôpital Saint-Louis mi-février, quatre mois et demi après son hospitalis­ation. Il est passé par le centre de réadaptati­on de grands brûlés Coubert (Ile-de-France) jusqu’en juillet. Aujourd’hui, le patient, qui peut marcher, est rentré chez lui et poursuit sa rééducatio­n de jour dans un autre centre. « Il peut vaquer à ses occupation­s, son visage a très bien récupéré, ses mains aussi», se réjouit le Pr Mimoun. Les prélèvemen­ts de peau sur le donneur ont été faits en prenant de « minces couches » (5 à 10 cm de large) sur le crâne, qui cicatrise très vite, en moins d’une semaine, ainsi que sur le dos et les cuisses, qui cicatrisen­t en une dizaine de jours. L’utilisatio­n de la peau de donneur décédé est classique chez les grands brûlés, mais est systématiq­uement rejetée au bout de quelques semaines et doit être remplacée. L’avantage, ici, est que cette peau greffée ne sera jamais rejetée, sans nécessiter de traitement immunosupp­resseur (anti-rejet), puisque ces vrais jumeaux ont un capital génétique identique, selon les médecins. Des brûlés ont déjà été greffés avec de la peau de leur vrai jumeau, mais jamais sur une telle étendue, où les chances de survie sont quasiment nulles. Les cas publiés jusque-là dans le monde allaient de 6 à 68 % environ et portaient sur 45 % de la surface du corps en moyenne, selon le chirurgien.

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(Photo d’illustrati­on Franz Chavaroche)

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