Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La députée contre l’exploitation des carrières
C’est sur le site même d’une éventuelle reprise de l’activité d’extraction de granulats que l’élue est venue entendre les arguments de l’association Environnement Méditerranée
Ce samedi, c’est non loin des locaux de « Mazaugues Matériaux », dans le vallon de l’Épine, que la députée de la sixième circonscription, Valérie Gomez-Bassac, avait été conviée à venir user ses ballerines par les représentants de l’association « Environnement Méditerranée », Robert et Éric Durand, ainsi que Thomas Margaglia. Objectif : obtenir son soutien dans leur lutte contre le projet de reprise de l’exploitation des carrières de granulats (voir historique ci-contre). Manifestement déjà convaincue, l’élue, toujours prompte à assurer une présence physique dans sa circonscription, manifestait son étonnement : « On se trouve ici audessus d’une réserve d’eau de près de sept millions de mètres cubes qui, si elle était exploitée, permettrait l’alimentation de près de cent mille foyers varois. Je ne comprends pas qu’on ait choisi de privilégier une activité minière à la préservation de l’environnement… Personnellement, entre les graviers et l’eau, je choisis l’eau. » La phrase est préparée, et le discours ravit les défenseurs locaux de l’environnement.
« Les élus doivent se positionner »
Mais que peut faire une députée, même représentante de la majorité présidentielle, dans un dossier dans lequel la justice a déjà statué ? (lire ci-contre) « J’ai la possibilité d’intervenir au niveau ministériel. » Elle fait rapidement référence à Nicolas Hulot (ministre de la Transition écologique et solidaire, Ndlr) « Je compte également m’entretenir avec les élus de la circonscription afin qu’ils prennent position. Ce sont eux qui ont le pouvoir d’agir localement. » Concernant les élus, Robert Durand est sur la même longueur d’ondes, même si les dernières prises de position Environnement Méditerranée en ont fâché quelquesuns (lire ci-dessous ):« Nous connaissons actuellement la pire sécheresse qu’a connu ce territoire depuis cinquante ans, et nous laisserions mettre en danger une réserve qui permettrait à 100000 Varois d’avoir un accès facilité à l’eau ? Si elle venait à être polluée, cette réserve souterraine mettrait près de vingt ans à se régénérer. Or, on estime que l’exploitation de granulats ne pourrait s’étendre au-delà de cinq ans. Enfin, il y a une surproduction de granulats dans la région. »
Un risque de pollution jusqu’à Toulon
Environnement Méditerranée rappelle enfin que ses techniciens ont prouvé, en avril dernier, que la réserve d’eau souterraine communiquait avec les réseaux de surface, notamment le Carami, qui emmène ses eaux depuis la source de la Figuière, à Tourves, jusqu’au lac de Carcès, retenue artificielle d’eau potabilisable pour l’agglomération toulonnaise (notre édition du 27 avril 2017). « Les activités économiques liées à ces milieux aquatiques représentent près de 3,2 millions d’euros par an… Cela s’élève à près de 15 millions si l’on compte l’usage de cette eau jusqu’au littoral. » La grande inconnue, pour le moment, est le calendrier que se fixe l’entrepreneur Provence Granulats. En l’état actuel des choses, les concasseuses pourraient entrer en action dès aujourd’hui, de manière tout à fait légale.