Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
La nouvelle stratégie mise en oeuvre par Uber
Le leader mondial des VTC revoit son approche. Fini la croissance trop rapide, ditil. Place à l’échange et à l’écoute avec les chauffeurs, les utilisateurs et les acteurs publics
En 2017, le ciel s’est assombri pour celui dont le nom est devenu un modèle. Uber a connu une année plutôt compliquée avec la démission, suite à des scandales à répétition, de son directeur général et cofondateur Travis Kalanick. Le leader des VTC qui a bouleversé le monde des transports et cassé le modèle social employés-employeurs continue à investir lourdement mais affiche aussi des pertes de 500 M$ par trimestre. Uber a subi des revers en Chine, Russie ainsi qu’à Londres. En France, la concurrence se fait rude : ses chauffeurs se plaignent de la faible rémunération et la loi Grandguillaume (mettant fin au détournement du statut LOTI conçu pour du transport collectif afin d’exercer la profession de chauffeur VTC) entrera en vigueur le 29 décembre. Comme si cela ne suffisait pas, Uber a révélé il y a quelques jours avoir été piraté en 2016. Raphaël Morel, directeur du développement pour Uber France, présent à Nice pour l’inauguration d’un espace d’accueil chauffeurs, explique la nouvelle stratégie mise en place par l’entreprise valorisée à 70 Mds$.
Quel est l’objet de cet espace d’accueil des chauffeurs? Depuis l’ouverture d’Uber à Nice en septembre , nous avons passé le cap des utilisateurs uniques cumulés et comptons quelques centaines de chauffeurs partenaires qui utilisent notre application. Nous les accueillions jusqu’alors dans un espace de m. Nous venons d’en ouvrir un de m avenue Matisse qui ancre notre présence à Nice de façon plus forte et pérenne.
Qu’y trouvent-ils ? Des réponses à toutes leurs questions concernant leur activité et leurs perspectives d’avenir. Nous recevons aussi des personnes qui ont le projet de devenir VTC. Devenir VTC aujourd’hui est un parcours du combattant. Il faut créer sa société ; passer un examen très difficile. Une fois l’autorisation de transport délivrée, les futurs chauffeurs doivent trouver un véhicule répondant à la règlementation et contracter une assurance professionnelle. Nous les guidons dans ces étapes et avons mis en place des partenariats avec des écoles de formation, des loueurs de véhicules, des concessionnaires, des assureurs…
L’examen est très difficile, ditesvous ? Le taux de réussite est de %. C’est inquiétant car le secteur du VTC est en plein expansion avec des perspectives de développement immenses. Les gens veulent plus de mobilité partagée et à la demande. Depuis fin , date de notre arrivée en France, on dénombre chauffeurs et on estime qu’il pourrait avoir de plus. Le secteur est très dynamique mais on vient brider sa croissance. De plus, avec la loi Grandguillaume, certains de nos chauffeurs partenaires qui ont le statut LOTI devront basculer en VTC mais ils sont bloqués par cet examen. Le décembre, ils seront plus de à ne plus pouvoir poursuivre leur activité.
Vous avez aussi davantage de concurrence... Oui, mais elle va dans le sens d’une mobilité plus simple et vers la fin du véhicule individuel. La concurrence nous oblige à être toujours meilleur, à innover et investir technologiquement en termes de partenariat…
Vous avez augmenté vos frais de service. En situation de concurrence, ne devraient-ils pas plutôt baisser ? La fixation des prix est complexe car il faut trouver le juste équilibre entre un tarif pour les passagers assez bas pour qu’ils prennent un Uber et assez élevé pour que les chauffeurs soient satisfaits. A cela s’ajoute notre chiffre d’affaires. Nos frais de services sont passés à % en décembre mais nous avions aussi augmenté le prix de la course. Donc les chauffeurs n’ont pas eu une baisse de rémunération. Cette hausse avait pour objectif d’investir dans une application qui fonctionne mieux pour les chauffeurs, un service clients réactif, des espaces chauffeurs... Nous avons aussi instauré des partenariats avec Axa visant à protéger les chauffeurs en cas d’accidents et avec l’ADIE (Association pour le droit à l’initiative économique) afin de créer un fonds accordant des microcrédits aux créateurs d’entreprise que sont nos chauffeurs partenaires.
Et les relations avec les taxis ? Elles semblent apaisées. Les taxis ont été inquiets quand nous sommes arrivés. Peut-être parce que nous avons eu une période où nous voulions aller trop vite et trop fort. Mais la demande en mobilité est telle que cela permet aux taxis en demande instantanée et à Uber en demande à l’avance de vivre ensemble.
Quel est le développement d’Uber en France ? En septembre, on a ouvert dans une ville à Montpellier. Nous allons continuer à offrir nos services dans d’autres métropoles et
agglomérations. Nous avons un autre axe de développement : Uber Eats. Puisqu’on sait mettre en relation un chauffeur et un passager, on sait aussi mettre en relation quelqu’un qui a faim, un restaurant et un coursier. C’est un marché avec un potentiel colossal. Uber Eats est déjà présent dans une quinzaine de villes mais pas encore à Nice.
Uber est en faveur de la fin du véhicule individuel mais vient de passer commande à Volvo de véhicules autonomes. Le mode de transport de demain est celui des véhicules autonomes et volants. Nous venons de signer un partenariat avec la Nasa. Un premier test grandeur nature aura lieu à horizon . Puisque le marché va dans le sens des véhicules autonomes, autant y aller nous aussi. Nous testons ces véhicules à Pittsburg aux USA. En un an, plus de , million de km ont été parcourus. Il nous faudra accompagner en douceur cette transition entre un système avec chauffeurs vers un sans chauffeur.
« Investir pour que la vie du chauffeur et l’expérience passager soient la meilleure. »