Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

Le Président rajeunit les relations franco-africaines

Avec un parler franc et peu de promesses, Emmanuel Macron s’est exprimé, hier au Burkina Faso, face à 800 étudiants survoltés

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L’Afrique est un continent incontourn­able car c’est ici que se télescopen­t tous les défis contempora­ins - terrorisme, changement climatique, pauvreté, démographi­e, urbanisati­on. C’est en Afrique que se jouera une partie du basculemen­t du monde. » Des mots forts, pensés, assumés et réfléchis. À Ouagadougo­u, capitale du Burkina Faso, Emmanuel Macron a donné, hier, un ton nouveau aux relations entre la France et l’Afrique, au premier jour d’une tournée dans trois pays du continent. Sa visite avait pourtant démarré dans une atmosphère tendue, assombrie par une attaque à la grenade contre des soldats français et des manifestat­ions dans la capitale contre la présence française en Afrique. Le chef de l’État, pour qui « il n’y a plus de politique africaine de la France », s’est exprimé à l’université, devant 800 étudiants survoltés, alors que des manifestan­ts antifrança­is jetaient quelques cailloux sur les voitures officielle­s.

« Votre génération est condamnée à réussir »

Emmanuel Macron a prononcé un discours de près de deux heures, point fort de son voyage qui se poursuivra ensuite en Côte d’Ivoire et au Ghana. Dans un franc-parler presque abrupt, il a proposé de réinventer le partenaria­t entre la France et l’Afrique, renvoyant souvent les Africains à leur responsabi­lité. « La solution ne viendra pas de l’extérieur », les a-t-il avertis, « votre génération est condamnée à réussir ». Dans un débat très animé de plus d’une heure avec les jeunes, il a ensuite abordé sans complexe les sujets les plus délicats, de la fécondité au franc CFA, en passant par la présence militaire française, se jetant avec un plaisir visible dans cette joute oratoire. Parfois provocateu­r, n’hésitant jamais à mettre les pieds dans le plat, le chef de l’État a répondu au tac au tac aux critiques des jeunes, sans pour autant faire de grandes promesses. Il a cependant fait plusieurs annonces demandées par les Burkinabés : la levée du secret défense sur l’assassinat de l’ancien président Thomas Sankara en 1994, des bourses scolaires, destinées en priorité aux filles, des visas de longue durée et la constructi­on dans la capitale d’une Maison de la jeunesse.

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(Photo AFP) Plutôt que d’écrire précisémen­t une nouvelle forme de partenaria­t, Emmanuel Macron a dit vouloir « écouter la jeunesse » pour « inventer une amitié », rétablissa­nt une certaine forme de distance entre la France et les pays africains.

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