Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

«En tant que citoyen, j’ai voulu dénoncer une situation réelle»

Michel Dron, plongeur apnéiste varois, relaxé face à la mairie de Cassis

- PROPOS RECUEILLIS PAR SONIA BONNIN

La mairie de Cassis réclamait plus de 3,2 millions d’euros devant la justice. Une somme colossale pour réparer le préjudice qu’elle disait avoir subi avec la diffusion d’un reportage sur France télévision. Le 28 juillet 2016, dans « Calanques en eaux troubles » d’Envoyé spécial, on voyait, pendant quelques minutes, le plongeur varois Michel Dron montrer à la caméra un effluent sous-marin aux rejets épais, de couleur marron. Au large des plages de la commune. Poursuivis en justice, France télévision et Michel Dron ont été relaxés mardi par le tribunal correction­nel de Marseille. La mairie de Cassis a été déboutée. Il n’y a donc pas eu de diffamatio­n ont tranché les juges, qui estiment que « le reportage donne simplement à voir et à entendre [et] n’indique aucunement que la commune de Cassis serait responsabl­e, coupable ou comptable de la situation dénoncée ».

La relaxe que vous venez d’obtenir sonne comme un soulagemen­t ? Je suis passé à la barre du tribunal, je me suis retrouvé inculpé, dans le monde des accusés… alors que je pensais, en tant que citoyen, dénoncer une situation bien réelle. Au final, rien n’est retenu contre moi, donc je suis soulagé, mais je reste déçu car cela n’a rien donné sur le fond. Le problème de la pollution n’est toujours pas réglé.

Quelle était votre démarche, en participan­t à ce reportage ? À la base, si je me suis mis en danger sur le plan judiciaire – et je ne m’en suis pas rendu compte – c’était pour faire arrêter cette pollution. Moi, j’ai simplement montré ce problème aux journalist­es. Or j’ai été pris à partie sur la place publique. On m’a reproché d’avoir truqué les images, d’avoir voulu faire le buzz pour donner une mauvaise image de la ville. Mais mon but, c’était et c’est toujours de soulever un problème qui existe dans un parc national. On a ce genre de pollution et cela n’affole pas les autorités !

La commune de Cassis avait aussi réclamé des dommages et intérêts à vous, personnell­ement. Oui, cela a été une épée de Damoclès au-dessus de la tête. La commune me demandait   euros. J’ai trouvé ça d’une injustice la plus totale. Qu’on me demande de payer, alors que je filme une pollution flagrante, c’est quand même le monde à l’envers. Heureuseme­nt, les magistrats m’ont permis de m’exprimer, ils ont entendu ce que j’avais à dire.

Et si c’était à refaire ? Je le referai, oui. Mais de manière plus prudente, pour me protéger. Comme je n’avais aucune expérience dans ce domaine, je n’ai rien vu venir. Si je dois faire une autre alerte, je serai plus méfiant, plus prudent. Mais je la ferai.

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