Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

CHASSE À GASSIN L’accident mortel relance le débat sur la sécurité

La mort du chasseur Antoine Falduto, touché par balle lors d’une battue dimanche, emporte la colère des opposants à la pratique, pointée comme trop risquée. Parole à la défense

- C. DUPONT cdupont@nicematin.fr

L’accident survenu lors d’une battue au sanglier dimanche à Gassin (*), cinquième depuis l’ouverture de la saison dans le Var et deuxième mortel, relance le débat sur la chasse. Le drame a fait bondir sur les réseaux sociaux ses détracteur­s, et pas seulement défenseurs des animaux. Beaucoup pointent du doigt les risques des battues, et dénoncent la prise de possession par les chasseurs des lieux de balade comme les forêts. Laurent Faudon, président de la Diane Fraxinoise et vice-président de la Fédération départemen­tale des chasseurs, défend la pratique et estime que tout est mis en place pour assurer au maximum la sécurité des chasseurs et des autres usagers.

Comment la sécurité pour les promeneurs est-elle assurée lors d’une battue ? La grande avancée en la matière a été l’obligation d’installer des panneaux signalant une chasse en cours, à l’entrée et à la sortie de chaque battue. Or, souvent, les promeneurs et les cyclistes pénètrent les lieux en dépit de cette alerte. Ils prennent leur responsabi­lité. Malheureus­ement, si un accident survient, c’est nous qui sommes pointés du doigt.

Les promeneurs devraient donc renoncer à leur balade ? Rappelons que nous chassons souvent sur des terrains privés, où nous sommes titulaires de droits de chasse délivrés par les propriétai­res. Dans ce cas, nous sommes tout à fait en règles, ce qui n’est pas le cas des promeneurs. Dans les espaces publics, quand les gens voient un panneau, il est plus prudent qu’ils empruntent un autre sentier.

Dans ce cas, pourquoi la réglementa­tion ne va pas au bout de la logique, en interdisan­t de pénétrer les zones de battues signalées ? Les panneaux appellent à la vigilance, mais n’interdisen­t en rien de passer. Chacun peut avoir son opinion sur ce point.

Ne faut-il pas une évolution plus sévère de la réglementa­tion, quant à la formation des chasseurs, les conditions ou l’encadremen­t des battues ? À mon avis, nous sommes au maximum de ce que peut prévoir la loi. Elle est devenue au fil des ans extrêmemen­t stricte. Tout chasseur doit obtenir un permis, qui comprend une épreuve théorique et pratique. Le chef de battue a la responsabi­lité de réciter les règles de sécurité avant chaque chasse. Il désigne des chefs de ligne, qui doivent être intransige­ants sur ces consignes. Nous ne cessons de rappeler aux chasseurs de ne pas tirer s’il y a le moindre risque. Tout est mis en place pour éviter les accidents. Malgré tout, il est vrai que nous sommes face à une année noire, c’est inexplicab­le.

Quelles sont ces règles ? Outre la signalisat­ion, le port du gilet orange obligatoir­e. L’interdicti­on formelle de se déplacer pour ceux qui sont en poste, quoi qu’il arrive. L’angle de tir limité à  degrés. L’obligation de décharger à la fin de la traque, culasse ouverte, etc. Tout est consigné dans les carnets de battue. La chasse est devenue vraiment structurée.

Pourquoi interdire la chasse vous semble impensable ? Nous jouons un rôle essentiel de régulation des espèces. Rappelons que les sangliers, dont le nombre a explosé, ont fait   euros [un coût supporté par les chasseurs, Ndlr] de dégâts dans le départemen­t sur la saison -. Nous protégeons les cultures. Si nous arrêtons de chasser une année, les gens vont venir pleurer, ce sera un bazar terrible.

Ne serait-il pas envisageab­le d’autoriser la chasse uniquement en semaine afin de limiter les risques ? Non, parce que beaucoup de chasseurs travaillen­t et ne peuvent pratiquer que le week-end.

Le type d’arme ou de munitions utilisées ont-ils leur importance s’agissant de la sécurité ? Sur Saint-Tropez, les carabines sont interdites, parce que les balles vont plus loin que celles de fusils. En milieu périurbain, il serait mieux de tirer au fusil qu’à la carabine. Il est difficile de l’imposer aux chasseurs, il y a aussi une question de coût.

La Fédération va-t-elle à nouveau organiser une réunion de sécurité, comme après l’accident mortel de Seillons en octobre ? Plus de  chasseurs y avaient participé. Des réunions de sécurité sont aussi organisées par secteur au début de chaque saison. Aujourd’hui, on contacte les présidents des sociétés de chasse et on insiste évidemment sur la sécurité. (*) Placé en garde à vue dimanche dans le cadre d’une enquête ouverte pour homicide involontai­re, le chasseur à l’origine du tir mortel a passé la nuit en cellule. Il devait être présenté hier au Parquet.

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(Photo Dylan Meiffret) Pour le représenta­nt de la Fédération, les règles de sécurité qui régissent la chasse sont suffisamme­nt strictes. Il renvoie aussi la responsabi­lité aux promeneurs, qui ont tendance à pénétrer dans les zones de battues.
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« Si nous arrêtons de chasser une année, les gens vont venir pleurer », prévient Laurent Faudon.

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