Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)

L’État doit-il payer ?

Près de cent maires de la région ont pris un arrêté mettant à la charge de l’État les frais de capture du loup, espèce protégée dont les attaques menacent l’activité des éleveurs sur leur territoire

- V. G. vgeorges@nicematin.fr

Les communes pastorales veulent que le gouverneme­nt paye notamment pour la capture du loup. L’espèce protégée reste une menace pour l’activité des éleveurs. Les élus entendent peser sur le plan loup -.

L’Associatio­n des communes pastorales de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur (ACP Paca) a adopté une résolution invitant les maires des communes adhérentes de l’associatio­n, dont les éleveurs sont victimes d’attaques d’animaux errants, à prendre un arrêté original. « Il prévoit que tous les animaux errants sur le territoire de leur commune susceptibl­es de présenter un danger grave et immédiat pour les personnes ou les animaux domestique­s, et en particulie­r les animaux d’élevage, devront être appréhendé­s et placés dans un lieu de dépôt adapté à leur garde pour faire l’objet d’un examen vétérinair­e destiné à déterminer leur espèce d’appartenan­ce », explique Denise Leiboff, maire de Lieuche (06) et présidente de l’associatio­n.

Le loup et l’État dans le collimateu­r

Quatre-vingt-douze villages et petites villes (1) – la plupart membres de l’ACP Paca – ont déjà pris l’arrêté, qui va plus loin à propos du loup. En effet, le texte précise que seront mis intégralem­ent et directemen­t à la charge de l’État les frais afférents aux opérations de capture, de garde et de transport d’animaux appartenan­t à l’espèce Canis lupus dans un site d’habitat naturel hors de la commune concernée. Cet acte de rébellion est totalement assumé : «Nous avons décidé de prendre ces arrêtés pour alerter l’État qui ne nous écoute pas, ni ne nous entend. Et nous voulons peser sur le plan loup 2018-2023, que l’État est en train de préparer », explique Denise Leiboff, présidente de l’ACP Paca dont les rangs ne cessent de grossir (2). « L’élevage pastoral fait partie de l’activité économique des vallées, il est aussi un des éléments de développem­ent touristiqu­e, rappelle Denise Leiboff. Nous ne voulons pas d’élevage en batterie, ou alors qu’on nous le dise clairement et qu’on supprime le pastoralis­me. » Pour sa contributi­on à la protection des paysages et au développem­ent de la biodiversi­té, ce mode d’élevage est reconnu d’intérêt général par le Code rural. « Or, le loup a des impacts sur le dessin des territoire­s, ajoute-t-elle. Faute de troupeaux, ils sont embroussai­llés, impénétrab­les, plus vulnérable­s aux incendies. Qui va payer le nettoyage des forêts et l’entretien des paysages?», interroge-t-elle. Sans compter les conséquenc­es indirectes, sur le tourisme, autre source de revenus pour ces villages. D’où la décision de frapper l’État au porte-monnaie avec cet arrêté, « présenté au préfet du Var le 18 novembre lors de l’assemblée générale des maires ruraux du Var», précise Christian Louis, élu à Callian et vice-président de l’ACP Paca.

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(Photo G. R.) Les loups n’hésitent plus à attaquer près des habitation­s, comme en mai dernier à Fox-Amphoux dans le Var.

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